Il aura fallu près de vingt ans d’efforts pour enfin parvenir à organiser un sommet entre l’Union Européenne et la Ligue Arabe. Il aura lieu les 24 et 25 février 2019 en Égypte. Il était temps ! La situation conflictuelle mettant en péril l’attractivité de la région ont fait d’un dialogue une nécessité. L’implication de Madame Federica Mogherini[1] a notamment permis à ce sommet de voir le jour.
La discussion s’orientera autour de trois thèmes : la coopération économique (investissement, questions sociales, éducation), les défis mondiaux (changements climatiques, migration, sécurité) et les questions régionales (Syrie, conflit israélo-palestinien, Yémen, Libye). Bien que les Etats-Unis et la Russie n’y participent pas, le sommet pourrait être synonyme de grand progrès notamment en matière d’investissement public et privé et de coopération sur le terrain – avec la lutte contre le terrorisme qui ne doit pas être affaiblie. Une déclaration est attendue à cette fin.
Si la Ligue Arabe espère beaucoup avancer sur les questions de commerce, l’Union Européenne tentera de mettre sur la table l’État de droit et les droits de l’Homme. C’est ainsi qu’une voie s’ouvre pour procéder à des accords de conditionnalité : l’Union accepte une entente commerciale à la condition que les pays arabes respectent certains droits. Cela n’est pas exclu et serait même une solution sage pour assurer l’effectivité et la légitimité du projet.
Parmi les rangs arabes on compte le Premier Ministre libanais Hariri, mais aussi pour la Tunisie Essebsi, ou encore Salih (Irak). Évidemment, le Président Égyptien Sissi s’en réjouit et y voit une occasion de redorer le blason de l’Égypte qui, comme les autres pays arabes, souffre encore des séquelles du Printemps Arabe. Quant aux Européens, May et Merkel ont confirmé leur présence aux côtés de Juncker et de Tusk.
Le sujet sensible de la migration sera traité, mais ne sera certainement pas une priorité selon Mogherini – trop sensible pour certains États européens tels que la Hongrie. D’autant plus que le sommet a vocation à couvrir un large panel de problématiques afin de renforcer la coopération avec la Ligue Arabe. Le défi est là encore de parvenir à s’entendre entre pays aux idéologies et cultures différentes mais œuvrant pour le même objectif, celui d’une coopération durable et certaine. Le sommet est un grand pas en avant qui peut aussi bien être une victoire qu’un cataclysme. La fenêtre de tir est étroite et il faudra compter sur la diplomatie et la bonne volonté des dirigeants.
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[1] Haute Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité