Je déplore évidemment, en tant que Président du groupe d’amitié France-Mozambique du Sénat, la menace islamiste qui pèse sur le pays. Toutes mes pensées vont aux Mozambicains et étrangers affectés par cette offensive déstabilisatrice.
À partir du 24 mars, des djihadistes d’Ahlu Sunna Wal Jamaa (ASWJ), surnommés localement « Al-Chabab » (les jeunes) ont attaqué Palma, au Nord-Est du pays, dans la région de Cabo Delgado. Alors qu’ils sévissaient depuis longtemps dans la région, cette offensive a permis la prise de conscience internationale qu’une nouvelle région d’Afrique, après le Sahel et la corne de l’Afrique, pourrait être déstabilisée par la menace islamiste. Peut-être est-ce lié au fait que de nombreux étrangers étaient cette fois concernés : une quarantaine de Sud-Africains se trouvaient sur les lieux, à l’ombre d’un complexe gazier en construction opéré par Total. Le Portugal, ancienne puissance coloniale au Mozambique jusqu’en 1975, a annoncé dépêcher une soixantaine de soldats en plus du personnel militaire déjà présent, qui collabore avec les forces armées locales. Les États-Unis devraient encore envoyer quelques conseillers militaires (il y en a déjà quelques-uns depuis début mars). L’Union Africaine, et plus particulièrement l’Afrique du Sud, se sont également saisis de la question, et sont en train de réfléchir à une réponse efficace.
Car c’est bien là que réside l’enjeu de la réponse : son efficacité. Tout le monde a en tête l’enlisement afghan et sahélien d’une réponse trop militaire. En même temps, le Cabo Delgado court le risque de devenir un « aimant à djihadistes »... En toile de fond : d’un côté, un fond de revendications locales qui s’enracine dans la marginalisation de communautés de la province, amplifiée par l’exploitation de ressources naturelles. De l’autre, des djihadistes expérimentés et calculateurs qui dirigent les Chabab d’une main de fer. Selon des experts, le groupe n’a pour l’instant commis aucune erreur stratégique. En tous cas, ces attaques contre Total reflètent le besoin, au Mozambique comme au Sahel, que la population se retrouve dans les projets effectués dans leurs communautés, et surtout, en bénéficient. La victoire contre le terrorisme islamiste ne se fera pas sans la conquête des cœurs.