Cela faisait 17 ans - le début de mon mandat ! - que les États-Unis et l’Union européenne se disputaient devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur des « aides publiques illégales » versées à leurs avionneurs respectifs, Boeing et Airbus. Hier, les dirigeants européens et américains y ont mis fin (provisoirement…).
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Charles Michel, président du Conseil européen, et Joe Biden, président des États-Unis, ont réussi à trouver un accord sur le sujet après des heures de négociations. Durant cinq ans, chaque partie suspendra ses droits de douane punitifs.
En octobre 2019, Trump avait notamment été autorisé à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (soit 6,8 milliards d’euros) de biens et de services européens importés chaque année. Étaient concernés vins et spiritueux, avec une taxe à 25 %, ou encore les avions Airbus, avec une taxe à 15 %. L’Union européenne avait, en retour, imposé 4 milliards de dollars en exportations américaines.
Cette trêve s’inscrit dans le rapprochement entre l’Europe et les États-Unis insufflé par l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. Alors qu’il a entrepris le premier voyage de son mandat cette semaine en Europe (Trump avait fait le sien en Arabie Saoudite…), il a participé au G7 à Carbis Bay le week-end dernier, et était à Bruxelles lundi pour le sommet de l’OTAN et mardi pour le sommet Union européenne - Etats-Unis au cours duquel s’est conclu l’accord. Ces derniers jours, Biden a essayé de pousser les Européens à prendre davantage position face à la Chine, qui semble réellement inquiéter le président démocrate. Les éléments de langage américains à la suite de l’accord le reflétaient d’ailleurs : Katherine TAI, la représentante américaine au commerce, s’est notamment félicitée de cette suspension de cinq ans, car elle permettra, selon elle, de recentrer les efforts sur la Chine afin de contrer son expansion et son modèle économique qu’elle décrit comme déloyal. Si l’ambiance transatlantique est au réchauffement des relations, un climat plutôt délétère est en train de s’instaurer entre le bloc occidental et ce qui semble devenir un bloc Russie-Chine.
Joe Biden rencontre aujourd’hui Vladimir Poutine à Genève. Le calme avant… la tempête ?