L’année 2010 finit sur une note positive : l’arrivée en France des enfants haïtiens adoptés par des parents français.
Claudine Lepage et moi-même avions eu l’occasion de visiter plusieurs crèches lors de notre visite à Haïti en juillet dernier et de voir ces enfants entre quelques mois et 7-8 ans qui attendaient leurs parents adoptifs et de vous dire combien cela était poignant. Nous avions aussi discuté du dossier avec les responsables du service de l’adoption internationale à Paris et, bien sûr, avec le consulat à Port au Prince.
Les associations de parents étaient critiques à l’égard de la politique « restrictive » des autorités françaises qui ne permettaient l’adoption que lorsque la procédure était complétée du côté haïtien et ce pour assurer la sécurité juridique de l’adoption (éviter que des parents haïtiens puissent porter plainte pour enlèvement d’enfant dans la mesure où l’adoption n’aurait pas été assurée). Dans la mesure où l’administration et la justice haïtiennes ont été décimées par le tremblement de terre de janvier 2010, elles ne fonctionnent pas de façon satisfaisante et sont particulièrement lentes et désorganisées.
Les futurs parents se plaignaient donc d’attentes insupportables, injustes et dangereuses à partir du moment où une épidémie de choléra s’est déclarée dans ce pays. Ils citaient l’action des autres pays européens et des États-Unis qui avaient accepté un départ des enfants vers leur territoire même avec une certaine incertitude juridique. À l’époque, il m’avait semblé que l’argument de l’incertitude juridique était fondé car on ne peut imaginer rien de pire qu’une famille qui pense avoir adopté un enfant, qui l’accueille et fait de lui un des siens et qui tout à coup se trouve confronter à une demande de retour par la famille biologique, que ce soit de bonne ou de mauvaise foi, mais qui n’a pas les décisions juridiques nécessaires pour se défendre.
Je dois dire que la rapidité avec laquelle le nouveau ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a résolu le problème, en quelques jours, m’a ébranlé. Si j’ai bien compris, elle a obtenu du premier ministre haïtien une lettre confirmant la validité juridique des adoptions. Bravo, Madame ! On se demande donc pourquoi il n’a pas été possible d’obtenir cette lettre bien avant. Aurait-on donné dans un juridisme excessif ou bien la France n’aurait-elle pas fait les démarches nécessaires avec suffisamment d’insistance ? Je ne mets pas en cause l’équipe de l’ambassade de France que nous avons vue au travail sur place et qui s’est au contraire énormément engagée sur cette question et l’a traitée avec tout l’engagement humain possible. La question est plutôt posée aux autorités en France.
Quoiqu’il en soit, c’est un rayon de soleil qui éclaire cette fin d’année pour ces 300 enfants et leurs familles. Bonne fêtes à eux et à vous aussi !