Il y a malheureusement de nombreux Français et Françaises en détention à travers le monde : 2000 recensés, mais probablement plus, certains ne souhaitant pas être identifiés par les consulats. Les situations sont très différentes et contrastées : les otages , détenus pour des raisons politiques et terroristes, en dehors de tout droit, les droits communs pour un délit ou un crime sanctionné par la loi du pays de résidence, des politiques victimes d’une justice « à la botte » du pouvoir, des Français naïfs victimes d’escroquerie organisée par un(e) national(e).
Parmi les premiers, on peut citer les quatre salariés d’Areva, enlevés dans le nord Mali en septembre 2010 ou bien le directeur de la société Henri Fraise enlevé récemment à Madagascar. Pour les seconds, on peut penser aux nombreux dealers et trafiquants de narcotiques arrêtés en Espagne au retour du Maghreb, pour la troisième catégorie, Richard Atangana qui croupit dans les geôles camerounaises depuis de longues années. Pour la dernière catégorie, les exemples sont nombreux de Français ou Françaises victimes d’un(e) associé(e) qui l’accuse d’opérations frauduleuses pour s’approprier ses biens. J’ajouterai les Français eux-mêmes escrocs et punis pour cela.
Les conditions du procès sont également très variables selon les pays mais toujours difficiles car il s’agit d’un droit pénal avec lequel nous ne sommes pas familiers et dans une langue également étrangère. Allez y comprendre quelque chose dans des procédures civiles ou pénales très différentes des nôtres surtout si l’avocat et le traducteur (quand il y en a un) sont peu coopératifs. Le même phénomène se retrouve d’ailleurs en France où l’on voit des prévenus complètement perdus et ne comprenant pas les sentences rendues par le juge.
Les peines varient aussi selon les pays : très lourdes aux États-Unis même pour des délits mineurs, lourdes également pour les questions de drogue dans les pays asiatiques comme l’Indonésie, la Thaïlande et Singapour : deux Français y sont condamnés à mort. Un autre à Houston. Sans parler des justices religieuses et des peines que l’on connait en Arabie saoudite ou en Iran. Une mention particulière doit être faite des détentions illégales pratiquées par les États-Unis à Guantanamo, en dehors de tout droit, et des pratiques de détention qui s’y apparentent à la torture. Plusieurs nationaux français y sont passés.
Il en est de même pour l’exécution des peines. Elles peuvent varier de sévérité ou de dureté : la prison japonaise par exemple, quoique les conditions matérielles y soient bonnes, est un enfer de règles à respecter et d’obéissance. Les États-Unis ne connaissent pas les remises de peine et autorisent rarement les condamnés à fini leur peine dans leur propre pays. Ils ont peur que celui-ci ne libère le condamné avant la fin de sa condamnation. Le transfèrement a ainsi bénéficié à Bertrand Cantat (Lituanie) ou aux membres de l’Arche de Zoé (Tchad). Il existe quelques cas où le pays étranger renvoie les personnes concernées en France pour jugement et peine : on appelle cela la dénonciation officielle.
En Afrique où les conditions matérielles sont souvent épouvantables, en particulier par le surpeuplement (souvent dans un rapport 10), les Français bénéficient parfois d’un grand luxe : une cellule individuelle. Il est aussi possible de les faire soigner à l’hôpital où les conditions de vie sont meilleures. En Afrique et dans certaines autres régions du monde, la nourriture n’est pas fournie : il faut donc soit avoir de la famille qui amène chaque jour les repas soit avoir suffisamment d’argent pour se faire livrer le nécessaire.
Enfin soulignons que les consulats apportent toujours une aide importante à nos concitoyens emprisonnés par les visites du consul, par la recherche d’un avocat, par l’envoi de colis ou de livres. Quelques associations s’occupent également de nos détenus mais leur travail est souvent rendu difficile par des règlementations tatillonnes des pays concernés. Je pense enfin que nos associations représentatives des Français à l’étranger comme Français du Monde pourraient s’investir, quand les conditions le permettent, dans la visite et le soutien à nos compatriotes emprisonnés.