Je m’étais d’abord dit qu’il n’était pas très utile de commenter l’intervention sur TF1 de Nicolas Sarkozy soit qu’on en dise du mal et l’on est considéré comme opposant systématique et borné soit qu’on en dise du bien et l’on vous accuse de ne pas défendre vos idées.
Mais une phrase de sa part m’amène à réagir. Le Président est revenu sur la cause des malheurs économiques des Français et sur la faiblesse des salaires en évoquant à nouveau les 35 heures source de toutes les difficultés. Son argument est que si on considère le marché du travail comme un gâteau de taille fixe qui pourrait être découpé en tranches, une pour chacun, les salaires sont du même coup faibles et ne nourrissent pas la croissance. Si on considère au contraire que le marché du travail est extensible sous l’effet de la croissance alors il faut effectivement travailler plus pour avoir des salaires plus élevés. Je partage le point de vue selon lequel les salaires nourrissent la croissance (jusqu’à un certain point). Par contre je ne partage pas l’analyse des causes qui font que les salaires en France sont bas. La réalité est que la part des salaires dans la répartition de la valeur ajoutée n’a cessé de baisser depuis plus de 30 ans et ceci sous les effets d’un pacte des actionnaires qui demandent une rémunération toujours plus élevée pour leurs capitaux (les fameux taux de rentabilité de 10 voir 12%). Cette part salariale est ainsi passée de 75% de la valeur ajoutée en 1980 à environ 60% actuellement, la part des profits passant de 25% à 40%. C’est évidemment beaucoup trop élevé et en dehors des règles du simple bon sens pour une économie réelle qui croit de 2 à 3%. Seuls des artifices comme la titrisation, les junk bonds, … permettent d’atteindre de pareils résultats, en attendant La prochaine crise ! Mon opinion est qu’il serait nécessaire de revenir à un partage plus équitable de la valeur ajoutée qui permettrait une hausse substantielle et sans inflation des salaires et revenus salariaux. À son tour celle-ci alimenterait une croissance forte de la consommation. Le cercle vertueux de la croissance serait réamorcé.
Je crains que le taux de croissance de 2010 ne permette pas cela et encore moins une réduction significative du nombre des chômeurs comme annoncé par Nicolas Sarkozy. La politique alternative existe, j’espère l’avoir montré.