À l’âge où la citoyenneté se construit, comment peut-on vouloir entrer dans une société policière qui fait de plus en plus peser une présomption de culpabilité sur les jeunes ? Comment le gouvernement peut-il expliquer une telle privation de liberté pour un fait si mineur ? La jeune fille s’était simplement interposée dans une bagarre de collégiens …
Cet exemple de garde à vue injustifiée devient malheureusement monnaie courante. Chaque jour les journaux rapportent des situations kafkaïennes où des personnes se retrouvent démunies face aux forces de l’ordre pour des faits de faible importance. Celles-ci doivent retirer lacets, lunettes, soutiens-gorges… font l’objet de fouilles parfois intégrales et restent dans l’attente, des heures durant, dans des conditions sanitaires déplorables – la propreté des cellules étant loin d’être irréprochable !Les privations de libertés ont été multipliées par 4 depuis l’arrivée de l’actuel Président de la République au ministère de l’Intérieur en 2002. Or, personne ne peut soutenir qu’une explosion de la criminalité correspond aux 800 000 privations de liberté de 2009. La police n’est plus dans l’accomplissement de sa mission de service public régalien : la protection des citoyens, mais dans une politique du chiffre. L’impact de la culture du résultat est désastreux ! La multiplication des gardes à vue simplement inutiles et vexatoires ne saurait prouver la soi-disant efficacité de la politique gouvernementale en matière de lutte contre la délinquance. Celle-ci ne diminue pas et ce n’est pas en s’attaquant à M. Dupont de façon quotidienne que cela changera.
La suppression prochaine de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) qui avait un regard critique sur les gardes à vue actuellement menées ne va pas arranger les choses. Nous devons revenir à une situation normale où la garde à vue n’est appliquée que pour les personnes suspectées d’un délit ou d’un crime d’une certaine gravité.
La garde à vue doit être réformée. Même l’UMP commence à en parler face à l’émotion que suscite ces affaires dans l’opinion publique. Nous n’avons pas attendu que les journaux les relatent pour se saisir du sujet. J’ai ainsi cosigné une proposition de loi réformant la garde à vue. Mais, le rythme de travail que l’Elysée impose au Parlement ne permettra pas son examen avant mi-avril… à suivre donc…