Le débat sur l’identité nationale repart mais en mode mineur. On est plutôt dans le style colloque avec professeurs d’université, chercheurs, ... donc politiquement plus propre, plus présentable, avec moins de dérapages limites. Fadela Amara dans une interview au Parisien libéré dit : « il est bon de savoir ce qui fait qu’on est Français, y compris pour moi qui fait le ramadan tout en siégeant au conseil des ministres ». Je ne partage pas ce sentiment car je pense que le ressenti « être Français » est essentiellement subjectif, défini par chacun en fonction de toute son éducation, histoire personnelle, culture, ...
Pour moi, il n’y aucune antinomie à « faire le ramadan » et à être ministre (il y en déjà eu plus d’un(e)). Il ya par contre un certain nombre de valeurs à la base de la société française, celles de la devise nationale, la laïcité, ... qui constituent le contrat social et qu’il faut respecter (cela ne veut pas nécessairement dire approuver) pour faire partie de la communauté sans d’ailleurs pourtant se sentir obligatoirement Français. Fadela Amara continue en prônant l’interdiction pure et simple de la burqa et je ne suis pas loin de la suivre. Le Conseil d’État, dans son avis « nuancé » sur le voile intégral, dit en substance que l’on ne peut l’interdire purement et simplement, ce serait contraire à la Constitution mais que là où l’identité et la sécurité l’exigent, il doit être prohibé. Ce sera commode : vous allez à la banque, vous devez enlever votre burqa ou votre niqab ; vous allez à la boulangerie voisine, vous pouvez la/le remettre ; vous allez à la poste pour acheter des timbres, burqa/niqab ; vous y aller pour retirer de l’argent, pas de niqab/burqa ; ... Je ressens, au-delà de ces aspects, dans cette fausse obligation religieuse, une mise au ban de la société de celles qui la portent. Elles sont isolées, ne peuvent échanger, travailler en commun ni même conduire. La grande majorité de celles qui portent un voile intégral en France sont des Françaises, récemment converties, qui sont heureuses de provoquer ou tout simplement d’en faire plus que nécessaire. Je pense que le débat sur l’identité nationale, instrumentalisé par Hortefeux, Besson and Co, ... sert à exprimer la peur d’une partie de certaines catégories sociales (retraités, personnes âgées, chômeurs) et socioprofessionnelles (agriculteurs, petits commerçants, artisans, ouvriers non qualifiés) devant une société dont ils pensent avec raison qu’elle les menace : licenciements, délocalisations, fin des services publics, sécurité ou à tort (racisme, immigration, Europe, criminalité). Ils savent bien comment ils sont Français et pourquoi mais veulent exprimer cette crainte du monde qui change et dont ils se sentent exclus. C’est pourquoi je pense que nous devons mener ce débat sur ces bases là.