Voilà une question qui va nous occuper puisque nous aurons, selon toute vraisemblance, à voter bientôt un projet de loi d’interdiction « totale ». Cette expression veut dire « dans des lieux publics ». En privé, chacune s’habille comme elle veut et de plus, c’est précisément chez elles que les porteuses de burqa ou de niqab l’enlèvent, sauf, horreur, présence d’un homme qui ne serait pas le mari ! Lieux publics, cela veut dire rue, passage, tout commerce, service, mais aussi administration de toute nature, toute réunion associative, sport, école, université, transport public, ...
Actuellement le cas de l’école est tranché par la loi : nul voile, nulle burqa ne peut y pénétrer. Et cela marche très bien. Pour le reste, il y a un flou. Je suppose que les banques n’aiment pas beaucoup voir des emburqanées débarquer chez elles et leur refusent l’entrée. Si l’on veut respecter le droit à la liberté individuelle souligné par le Conseil d’État, il faudrait enlever (ou du moins soulever délicatement le niqab à la banque mais on pourrait la remettre pour acheter des oursins chez le poissonnier d’à côté. Peut-on la porter en conduisant ? La jurisprudence est fluctuante. Personnellement je pense que c’est un facteur de risque supplémentaire mais le plus simple est sans doute de faire comme en Arabie saoudite où les femmes n’ont pas le droit de conduire. Il y a donc des problèmes de droit qui ne militent pas pour l’interdiction pure et simple car celle-ci serait sanctionnée par le Conseil constitutionnel. Il faudrait envisager une interdiction permanente pour certains lieux (banques, hôpitaux, stades, écoles, ...) et une interdiction sélective décidée par les préfets essentiellement basée sur la sécurité. C’est compliqué et à moitié satisfaisant car l’interdiction complète correspond assez bien à ce que pensent les républicains laïcs que nous sommes et qui considèrent que cette toile nécrophore est un asservissement et une prison. L’interdiction permettra de libérer (malgré elles pour certaines) les femmes qui y sont soumis. On me dit « c’est un piège que vous tend Sarkozy », « vous allez stigmatiser les islamistes »... Ces arguments sont en partie justes mais je pense qu’il faut que le PS et la gauche en général prennent une position claire que l’opinion publique comprenne.