Ce consensus européen, voire mondial, en faveur de la rigueur et de l’austérité est surprenant.
Ce n’est pas parce que nous sommes 27 à faire la même politique qu’elle en devient pour autant vraie. L’histoire nous a appris que les gouvernements sont souvent comme les rats qui suivent le flutiste d’Hamelin : ils se précipitent dans la mer avec délectation, à condition de le faire ensemble.
Nous savons tous que nos budgets publics sont en déficit : le budget de l’État en France depuis plus de 30 ans ! Déficit des budgets sociaux pour les pays qui ont une sécurité sociale puisque nous vieillissons ! Déficit des régimes de retraite ! politiques reaganiennes ou thatchéristes de baisse des impôts et donc des recettes publiques ! Manque de rigueur dans les gestions publiques, voire travestissement des chiffres par certains gouvernements, les Grecs s’étant fait pincer. Et puis surtout, faiblesse structurelle de la croissance économique européenne qui, depuis 10 ans, se traîne à 1 ou 1,5%, ce qui ne permet pas de créer des emplois et développe un chômage profond pour les jeunes et les seniors. Avec un tel nombre de sans emploi qui ne cotisent pas aux différents régimes sociaux et qui ne payent pas d’impôt, impossible de revenir à l’équilibre ni des budgets sociaux ni des finances publiques. Il nous faudrait pour cela une croissance minimale de 3% par an ; 4 % serait encore mieux. Et c’est alors que nous pourrions réduire ces déficits et desserrer les anneaux de l’anaconda qui nous étouffe dans le service de la dette.
Là où on doit s’interroger, c’est sur la méthode.
Lorsque nous avons été confrontés à la crise du système bancaire, la réaction a été, à juste titre, de créer autant d’endettement que nécessaire pour sauver les banques à la fois en fonds propres et en liquidité. Cela a aggravé l’endettement général de plusieurs milliards de milliards d’euros (800 en France) mais nous avons évité pire, qui eût été la faillite du système bancaire.
Nous sommes maintenant en face d’une crise économique – certains pensent qu’elle est la conséquence de la crise bancaire – qui donne les signes de vouloir durer (du moins en Europe).
Or l’essentiel est bien de relancer la machine économique, c'est-à-dire la consommation des ménages (leur pouvoir d’achat) et les exportations. C’est comme cela que nous créerons des emplois et générerons de la richesse qui permettra de rembourser nos dettes. Or nous nous lançons dans des politiques inverses avec blocage du pouvoir d’achat, diminution forte de la dépense publique qui entraîneront stagnation économique et déflation. C’est d’ailleurs déjà le cas pour l’économie japonaise.
Nos remèdes vertueux auront comme effet de tuer le patient. Nos Diafoirus se réjouiront d’avoir rétabli les comptes au prix de millions de chômeurs supplémentaires, d’une économie et d’une innovation étales. Soulignons que pour sauver les banques, il n’a pas fallu une semaine pour trouver les centaines de milliards nécessaires, mais que pour sauver l’emploi, que nenni : serrez-vous la ceinture.
Nous devons faire le contraire : relancer la machine économique en donnant du pouvoir d’achat aux ménages, en investissant dans les infrastructures, en encourageant les exportations. Certes cela alourdira encore la dette mais cela – et cela seul – permettra de la rembourser.