Décidément ma bonne ville de Tours n’a pas de chances avec les Congrès de partis politiques : Noël 1920, c’est la scission du PCF qui affaiblira la gauche pour 80 ans ; janvier 2011, celui du Front national dont les mots d’ordre extrémistes sont si mal adaptés à la douceur et à la mesure tourangelles.
Donc le vieux chef passe la main après 40 ans de règne. On s’en réjouira car il avait un vrai talent d’orateur et avait réussi à imposer son parti en France de manière durable à la faveur des 30 ans de crise économique. Nous voilà maintenant avec une Europe lepénisée, de l’Europe du Nord à la Hongrie et à la Grèce. C’est le résultat de ces politiques brutales de libéralisation économique et financière dont l’Europe et la commission se sont faits les chantres (sous l’influence des États membres, il faut bien le dire).
Marine Le Pen l’emporte sur le terne Bruno Gollnisch, gardien des valeurs traditionnelles de l’extrême-droite et des nationaux-catholiques. Il faudra surveiller les rapports entre les deux candidats car Gollnisch a tout de même obtenu un tiers des voix et demandera à avoir toute sa place dans le parti, ce qui est loin d’être assuré.
Alors Mme Le Pen incarnera- t-elle une ligne nouvelle ? Rien de moins sûr. Elle reprend tous les thèmes de son père : la préférence nationale, la sortie de l’Euro voir de l’Europe, la lutte contre les étrangers et « l’islamisme ». Seulement elle les déclinera à sa manière comme femme, jeune et habile. Il suffit de voir comment elle a lancé le thème des musulmans qui priant dans la rue pour caresser la droite extrême tout en flattant la gauche en reprenant les valeurs de la laïcité. Elle s’inscrira dans une stratégie différente, celle de la dédiabolisation, c'est-à-dire faire du FN un parti comme les autres qui cherche à convaincre de nouveaux électeurs. Bruno Mégret s’était attiré les foudres du père pour avoir tenté la même stratégie. Nous verrons cette ligne national-populiste s’affirmer et nous aurons à la combattre en défendant nos valeurs comme nous allons le faire dans la prochaine discussion sur la loi immigration mais aussi en expliquant que Marine Le Pen n’est pas différente de son père et le FN n’est pas un parti comme les autres. Pourtant le fond du problème reste le chômage sur lequel prospère ce national-populisme (parfois même à gauche) : il nous faut absolument retrouver les chemins de la croissance !