On ne gagne jamais une élection sur un bilan mais on peut la perdre. Jospin l’a expérimenté en 2002. L’élection présidentielle qui vient ne déroge pas à la règle. Nicolas Sarkozy en est bien conscient. Il a commencé par éditer au compte de la princesse une luxueuse brochure de 75 pages qui vante son bilan (je vous en passe les bonnes feuilles).
Il a ensuite délégué les fidèles Fillon et Copé à nettoyer les écuries d’Augias. Meeting du premier chez la sarkozissime Nadine Morano : liste des réformes réalisées, arguments expliquant que la crise a empêché de faire tout ce qui était prévu et promis dans le programme présidentiel de 2007, des promesses assez vagues pour des lendemains qui vont chanter. Copé qui veut prouver sa fidélité a mobilisé les fédérations UMP et fait distribuer des millions de tracts sur les thèmes mentionnés.
Ceci devra durer jusqu’à la fin de l’été puis on considérera qu’on en a fait assez et le candidat passera à une vitesse supérieure avec un nouveau concept de campagne. En 2002 c’était la sécurité, en 2007, c’était « la rupture » (sic !) et à chaque les grands benêts socialistes se laissent prendre. Vous pouvez être sûrs que Sarkozy 2012 aura quelque chose de très sexy dans sa manche et cessons de croire que les sondages et les mauvaises opinions permettront à la gauche de gagner. Rien n’est moins sûr.
Un mot du débat sur la pénalisation du génocide arménien la semaine dernière au Sénat. J’ai voté pour l’exception d’irrecevabilité (c'est-à-dire qu’il n’y a pas lieu de discuter le texte) parce que je considère que Parlement doit cesser de s’engager dans des lois mémorielles et encore plus (car la loi mémorielle sur le génocide arménien est déjà en vigueur) dans la pénalisation. L’Histoire est écrite par les historiens, la société civile, les débats. Il faut laisser les lois en dehors de ce processus.
Je pourrais multiplier les exemples de massacres, de génocides perpétrés par nos propres pays pendant les mille dernières années. Robert Badinter a clairement expliqué cela dans une intervention magistrale, en particulier sur la différence avec la Shoah. Enfin, nous savons qu’il y a des raisons contingentes qui ont suscité ce texte : électorat important d’origine arménienne, attitude vis-à-vis de la Turquie, ... Tout ceci ne fait pas nécessairement bon ménage. Je veux aussi dire le respect que j’ai pour la douleur légitime et le deuil du peuple arménien ; je souligne la dignité des Arméniens de France, magnifiquement intégrés et contribuant à l’économie et à la culture.
La biographie de Françoise Giroud par Laure Adler. Elle nous apprend beaucoup sur ce caractère et cette personnalité exceptionnelle, alliant beauté, charme, intelligence, connaissance des hommes et sur la grande aventure de l’Express qu’elle cofonda avec JJSS. Mais le plaisir est gâché par la fascination qu’éprouve Laure Adler pour Françoise Giroud : le livre devient une hagiographie lourde comme le style. Dommage... Le sujet méritait mieux.
(écrit à Abou Dhabi)