La démission de Dominique Strauss Kahn de la direction générale du FMI pose un problème politique difficile pour l’Europe. Il est de tradition, depuis Bretton Woods, que la direction de la Banque mondiale aille à un américain et celle du FMI à un européen. Mais ce qui était normal juste après la guerre ne l’est plus nécessairement aujourd’hui.
Une des réformes récente du FMI a été d’accroitre la part des pays émergents (les grands pays comme la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil) dans le capital du FMI et donc leurs droits de vote. Ceci ne fait que traduire l’évolution de la puissance économique à travers le monde. Il a également été question de la possibilité de nommer un directeur général qui serait originaire d’un de ces pays. Mais après avoir été tentée par cette approche, l’Europe aujourd’hui hésite, pour ne pas dire plus. Elle a en effet un besoin fort de l’appui technique et financier du FMI qui est un partenaire important de l’Union et de la zone euro dans les plans de sauvetage de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande.
DSK avait été très engagé dans ce rôle nouveau pour le FMI. Angla Merkel pense qu’il est important de continuer dans cette voie : on la comprend, elle ne veut pas que l’Allemagne porte le plus grand poids de ces plans de sauvetage. Quid de la France ? Je pense que, dans ces circonstances exceptionnelles, nous devons soutenir la même position mais en prenant un engagement clair d’ouvrir le poste d’ici 5 ans. La même chose devrait se faire pour la Banque mondiale sinon seuls les européens contribueraient à l’ouverture de la gouvernance. Nous sommes dans une phase financière délicate pour l’euro et pour nos pays et nous avons besoin de tous les concours, en particulier pour la dette grecque. Sa restructuration est en effet de plus en plus évoquée et nous aurons besoin de tout l’appui du FMI.
La lettre de démission de DSK vient d’être publiée. Je note qu’il conteste avec force les faits et qu’il se proclame innocent. C’est donc sa parole (même si on ne l’a pas entendue) contre celle de la jeune femme. C’est un dilemme douloureux et l’on comprend que les sympathies de beaucoup de femmes aillent vers celle-ci. Dans les deux cas, nous sommes en face d’un drame humain particulièrement pénible.
Sur le plan politique, il ne faut pas dramatiser la situation. Il y a bien sûr, le sentiment d’être « orphelins » pour tous ceux qui avaient mis leur espoir dans sa candidature à venir. De ce point de vue, la candidature de DSK avait le mérite de réaliser un début d’unité à gauche et dans le PS. Mais rappelons ces évidences : il n’avait rien annoncé et n’était candidat ni à la primaire ni à la présidentielle. Il est tout aussi faux de proclamer comme vient de le faire Nicolas Sarkozy que « le PS a perdu la bataille de la moralité ». L’opinion fait bien la différence entre un homme et l’ensemble du parti. Nous avons notre calendrier : adoptons le Projet qui reçoit un très bon accueil, préparons nos primaires : elles retrouvent tout leur sens.
Lire aussi mon billet précédent « There is a rose in Harlem » (the Shadows)