La proposition du gouvernement n’a rien de social et d’ailleurs le projet s’appelle « réforme du financement de la protection sociale ». Il s’agit de baisser les charges sociales qui financent la branche famille de la sécurité sociale et de les transférer sur la TVA. La baisse serait de l’ordre de 5 points de cotisation soit entièrement pour les charges patronales soit partagés 2/3 pour celles-ci et 1/3 pour les charges salariales.
D’un point de vue budgétaire, l’opération est neutre : il n’y aurait pas plus de recettes publiques. D’un point de vue économique, ces charges sont en fait payées par le consommateur, puisqu’elles sont répercutées dans le prix de vente. Par contre on peut avoir des doutes sur le fait que la baisse soit répercutée dans le prix de vente. Peut-être partiellement, mais cela n’est pas sûr, les entreprises préférant gagner des marges de financement. Par contre, elle entrainera certainement une baisse de la consommation par une augmentation des prix. Il est envisagé d’augmenter la TVA de 3 points soit environ 30 milliards d’euros de ponction sur la consommation intérieure, ce qui est discutable alors même qu’il faut relancer le moteur économique. Ce serait une sorte de baisse des salaires, du moins pour ceux du secteur public et pour les retraités. Est-ce que les exportations prendraient le relais, un peu sur le modèle allemand ? En théorie oui puisque l’opération s’analyse comme une dévaluation « française » avec une augmentation des prix à l’importation alors que ceux de l’exportation ne bougeraient pas. Dans ces conditions, quel effet sur l’emploi ?
Sans doute assez limité car cela représentera in fine environ 4% de baisse des coûts du travail alors que le grand inspirateur de la proposition, le MEDEF, juge qu’il faudrait au moins une baisse deux fois plus forte pour que cela ait un effet sur la compétitivité des entreprises françaises. Mais cela impliquerait une augmentation de 6 à 7 points de TVA : infaisable. Donc dans les hypothèses actuelles, un effet emploi de l’ordre de 20000 : « much ado about nothing » ou, en termes moins shakespeariens, « une usine à gaz ».
(dessin de Martin Vidberg (auteur de l'actu en patates) avec son aimable autorisation)