Il y a danger pour la campagne présidentielle. Les dérapages verbaux du candidat Sarkozy à Lyon vendredi montrent une volonté d’abaisser le débat, de créer l’incident, voire l’accident, pour que le pugilat cache le bilan des cinq dernières années et que l’invective soit la règle.
Tant d’outrance verbale, tant d’agressivité, de vulgarité, de mensonge ne sont pas acceptables. Même s’il est candidat, il reste un petit peu Président de la République et doit garder un tant soit peu de sang froid. Le vrai débat, ce n’est pas de dénaturer en permanence les propositions de François Hollande sur l’immigration, sur la fiscalité, sur l’Europe, sur la culture mais d’opposer point par point son bilan et ses propres idées.
On s’étonnera, après ces déballages de vidangeur, que les Français ne s’intéressent que de loin à cette élection : la faute à qui ? En tout cas pas au candidat socialiste qui demeure constant, calme et courtois. C’est ce qu’il a montré à la très belle réunion du Cirque d’Hiver hier à Paris où l’ont rejoint les principaux dirigeants socialistes et sociaux-démocrates de l’Union européenne : MM. Hannes Swoboda, président du groupe S et D au Parlement européen, Martin Schulz, président du Parlement européen, Pier Luigi Bersani du Parti démocrate italien, Sigmar Gabriel, président du SPD allemand, Sergei Stanishev, président du Parti socialiste européen, Massimo D'Alema, et tant d’autres. Belle illustration de ce que la France de gauche n’est pas seule en Europe.
Du discours de François Hollande (voir ici), retenons seulement la filiation revendiquée de François Mitterrand et Jacques Delors et la volonté de constituer un nouveau front pour faire évoluer la pensée unique de la Sainte Alliance des conservateurs européens en inscrivant une politique de croissance à côté des efforts de réduction des déficits. Cette croissance nouvelle qui créerait des emplois et relancerait l’économie, elle vise la politique commune de l’énergie, la recherche, la rénovation urbaine et la jeunesse. Comme quoi, même au Cirque d’Hiver on peut faire des propositions sérieuses, être M. Loyal et non un clown qui ne fait pas rire.