Jean Luc Mélenchon est, selon un sondage paru hier matin, en 3ème position pour le premier tour de la présidentielle avec 15% des intentions de vote.
Rendons hommage au dynamisme de sa campagne, à sa forte personnalité et à son talent d’orateur. Il a ainsi réussi à redonner courage à un Parti communiste quelque peu replié sur lui-même et démotivé. 15% c’est l’étiage haut de l’extrême-gauche, le score de Georges Marchais en 1981.
Jusque là, Jean Luc Mélenchon mobilisait des abstentionnistes qui ne se retrouvaient pas en François Hollande ni dans les partis trotskystes ; il siphonnait une partie de l’électorat écologiste (encore que ce ne soit pas une des ses orientations). Il ne faut pas pour autant que sa progression se fasse désormais au détriment du vote Hollande. Or c’est ce qui risque de se passer au delà de 15%. Contrairement à Arnaud Montebourg, je pense qu’il est important que notre candidat soit en tête au premier tour, car c’est là que se créée la dynamique du deuxième tour. Or on voit que la progression de Mélenchon va de pair avec un report de ses électeurs sur Hollande au deuxième tour qui se dégrade (25% de perte) avec en corollaire le même phénomène dans l’électorat de Bayrou (-10%).
À 28%, on ne plus se permettre de perdre une seule voix au premier tour. Il faut bien souligner nos différences programmatiques avec le Front de gauche : sur le SMIC à 1700€, sur le referendum relatif au traité européen sur « l’insurrection civique », sur la régularisation de la totalité des sans-papiers, sur la nationalisation des banques, d’Areva, de Total, sur une politique budgétaire et fiscale plus que vague et imprécatoire : c’est là qu’il faut bien voir l’aspect irréaliste et incantatoire de ses prophéties. Être prophète, c’est un métier difficile si l’on ne veux pas faire daté.
Nous retrouverons certainement le PC et le Front de gauche au lendemain des présidentielles pour élaborer un accord de désistement aux législatives, mais ce que vise Jean-Luc Mélenchon va plus loin : il veut développer une alternative au PS pour l’avenir. Nous ne pouvons être d’accord avec une stratégie qui renoue avec les vieilles chimères et impasses de l’extrême-gauche française et c’est pour cela qu’il faut renforcer François Hollande dès le premier tour.