C’était un endroit mythique, à Paris, au métro Bir Hakeim. Une piste circulaire où se disputaient les courses de vitesse à vélo, très populaires avant et juste après la guerre. Et puis il a été utilisé comme centre de concentration des rafles de juifs (13 000 au total, surtout des femmes et des enfants), les 16 et 17 juillet 1942. Cela voulait dire que peu de jours après avoir été enfermés dans des conditions innommables, ces Français ont été déportés vers les camps d’extermination nazis et vers une mort quasi certaine.
Ce crime a été commis, comme l’a justement souligné le Président de la République, en France par des policiers français qui ont, en l’occurrence, été au devant des souhaits de l’occupant. Le terme de collaboration s’applique parfaitement. Par rapport aux horreurs commises en Pologne, en Ukraine et dans tant d’autres pays, les chiffres sont, on ose le dire, relativement faibles. Mais pour nous c’est une tache indélébile, une participation volontaire, empressée, de l’État français (Vichy) aux abjections des nazis. Pendant longtemps, la France a eu du mal à faire face à ce passé, comme encore aujourd’hui avec la guerre d’Algérie. Mais l’Histoire ne peut se découper à la carte : on doit tout prendre. Les Résistants comme les collaborateurs, les Justes comme les délateurs, la LVF comme la France combattante,… De Gaulle avait une légitimité historique qui lui permettait de ne parler que de Londres et d’Alger. François Mitterrand considérait que Vichy n’avait pas été la République et donc qu’on pouvait mettre l’État français en quelque sorte entre parenthèses, ce qu’un certain nombre de ses amis lui ont reproché.
Jacques Chirac a, le premier, en 1995, eu le courage de faire face à l’Histoire et cela lui restera. François Hollande par les mots qu’il a employés nous renvoie vers la responsabilité de notre pays dans l’Histoire mais aussi vers la situation présente en Europe et le refus de la banalisation des paroles et des actes antisémites, antimusulmans, racistes. Il importe donc de parler de ce passé pour que l’avenir soit, si possible, meilleur. Et la condition pour que cela soit, c’est d’en parler et surtout de l’enseigner dans nos écoles comme l’Allemagne le fait depuis la guerre. Rétablir l’enseignement de l’Histoire au collège et au lycée, parler de la seconde guerre mondiale sous tous ses aspects, c’est la voie que François Hollande nous invite à prendre.