Je pensais connaître un peu mon parti, ayant suivi la vie interne et les congrès depuis 1973 (68 si on compte le PSU). Les règles du jeu étaient assez claires : on votait pour les motions. Pour cela il fallait disposer d’un bon réseau couvrant les sections et si nécessaire on faisait adhérer un certain nombre de personnes pour avoir une majorité dans la section et dans le Fédération. Il y avait un débat d’apparence idéologique. C’était vrai à l’époque de Mitterrand-Rocard, mais avec le temps ces oppositions soi disant de doctrine sont devenues des prétextes.
Aujourd’hui, après une réforme des règles de fonctionnement que nous avons tous (ou presque) votée avec en tête d’éviter que ne se reproduisent les calamiteux congrès de Rennes puis de Reims, les membres du Parti n’ont plus à élire leur premier secrétaire national ! Il, ou elle, est le premier signataire de la motion majoritaire, et c’est en cela qu’il y a adoubement par les grands mamamouchis du parti puisqu’il n y a pas de vote avant le dépôt des motions. Ce n’est pas vraiment un bon message à l’opinion publique, après cette primaire réussie.
Plus grave encore, on ne comprend plus rien aux négociations entre les différentes chapelles qui ont l’air de constituer l’armature centrale du parti : Il y a les anciens courants (Aubry, Ségolène, Fabius, Hamon, Delanoë, ...) auxquels s’ajoute un groupe constitué de 4 jeunes ministres (Le Foll, Moscovici, Valls et Peillon) qui, semble-t-il, veux s’assurer du pouvoir interne y compris contre Jean-Marc Ayrault. Quelle composante politique présentent-ils ?
Puis il y a les grands centres de pouvoir que sont Matignon et surtout l’Élysée qui veulent avoir la paix du côté du parti (c’est compréhensible). Et tout ce monde de négocier la composition du Conseil national (204 membres), les fédérations, ..... Une chatte n’y retrouverait pas ses petits !
Enfin pour couronner le tout, cette démission surprise de Martine Aubry dont on ne comprend pas bien si elle proteste ainsi contre le choix d’Harlem Désir plutôt que de Cambadélis ou bien si elle considère que le travail est fait et qu’il faut mieux s'en aller. En tout cas, une sortie peu compréhensible, ambigüe alors même qu’elle présente un bilan excellent de ses quatre années de mandat. J’ai eu peur que cela tache sa sortie et la préparation du Congrès de Toulouse mais, de retour en Touraine, je me rends compte que personne n’a pris note de cette démission : c’est comme si elle n’avait pas eu lieu !