Le 16 décembre dernier, j’ai eu plaisir à défiler dans les rues de Paris aux côtés des partisans de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe pour manifester mon soutien à l’action du gouvernement en faveur de l’égalité des droits pour tous les couples (voir mon billet).
Ce dimanche 13 janvier, ce sont les opposants au projet de loi dit « mariage pour tous » qui braveront à leur tour le froid pour descendre dans la rue et réclamer l’abandon de cette réforme – c’est leur droit de le faire. Entre temps, malgré les fêtes de fin d’année, pas un jour ne s’est écoulé sans son lot de controverses liées à ce projet de société. L’UMP, beaucoup plus que l’Église catholique, exploite la polémique sans vergogne en jetant de l’huile sur le feu dès que l’occasion se présente. Messieurs Copé, Wauquiez, Chatel et Madame Boutin marient la caricature et la mauvaise foi dans le but de faire oublier les guerres intestines de leur parti. Vincent Peillon en a récemment fait les frais, lui qui a été désigné à la vindicte publique pour avoir très justement rappelé les principes de laïcité et de neutralité dans les établissements scolaires publics et privés alors que le secrétaire général de l’enseignement catholique avait invité les 8300 chefs d’établissements catholiques à prendre des initiatives locales pour s’opposer au projet de loi du gouvernement.
Dans ce débat sensible, où la droite joue plus que jamais sur les peurs, je souhaite rappeler ma position qui rejoint en grande partie celle du gouvernement. Le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe vise à permettre aux couples homosexuels de contracter un mariage civil et bénéficier des droits et protections qui en découlent (dont la possibilité d’adopter). Ce projet de loi est fidèle aux idéaux qui ont fondé notre République. C’est un projet de Liberté car les couples homosexuels gagnent un droit dont ils étaient jusqu’ici écartés. C’est un projet d’Égalité car il abolit le privilège dont jouissaient les hétérosexuels et consacre à sa place l’égalité entre tous les couples. C’est un projet de Fraternité car il promeut une société de tolérance où chaque couple, chaque citoyen, quelle que soit son orientation sexuelle, a la même valeur, la même dignité, les mêmes droits. Au-delà du mariage, cette loi permet également de reconnaitre et sécuriser les familles homoparentales en ouvrant aux couples de même sexe l’adoption conjointe d’un enfant, ou l’adoption de l’enfant du conjoint. S’agissant des mesures concernant les français de l’étranger, je vous invite à relire un de mes précédents articles dans lequel je présente dans le détail les avancées de ce projet de loi. L’assistance médicale à la procréation pour les couples lesbiens n’est quant à elle pas inscrite dans ce projet de loi. Si je suis favorable à son principe, il me semble judicieux de traiter cette question séparément dans un projet de loi bioéthique plutôt que dans la loi sur la famille annoncée par Jean-Marc Ayrault.
En attendant le vote de cette loi, il est urgent que cessent les déclarations déplacées de certains élus de droite ou responsables religieux qui génèrent un climat délétère de banalisation de l’homophobie dont les jeunes personnes homosexuelles sont les premières à souffrir (sur le seul mois de décembre 2012, le nombre d’appel de détresse reçu par les associations de lutte contre l’homophobie est plus important que la totalité des appels reçus en 2011). Le débat doit avoir lieu mais il ne doit pas être un pis-aller aux provocations et à la haine. En ce début de nouvelle année, je fais le vœu d’un débat apaisé et respectueux.