Je déplore les polémiques stériles au sujet des prévisions de croissance pour 2013 et, par ricochet, des objectifs de réduction du déficit fin 2013. Je voudrais revenir sur ces deux points qui concentrent ces derniers jours l’attention des médias et les attaques pour le moins déplacées de la droite. Il est essentiel de tenir un discours de vérité aux français sur ces questions.
Croissance : des prévisions revues à la baisse
L’hypothèse de croissance de 0,8% retenue par le gouvernement au moment de l’élaboration du projet de loi de finances pour 2013 semble désormais improbable. D’aucuns voudraient y voir la preuve que le gouvernement s’est délibérément soustrait à ses devoirs de responsabilité et de sincérité dans sa conception du budget 2013. Ces accusations sont proprement infondées. Quelques rappels s’imposent : un budget se construit sur plusieurs mois au cours desquels la conjoncture peut évoluer et affecter l’horizon économique jusqu’alors entrevu. C’est d’ailleurs ce qui a conduit le gouvernement à abaisser la prévision de croissance de 1,7% figurant dans le programme de François Hollande. Nicolas Sarkozy était encore plus optimiste en tablant sur 1,8% de croissance. Niveau crédibilité, la droite peut mieux faire… De toute façon, les prévisions de croissance pour les lois de finances ne sont pas une affaire de couleur politique. Elles sont élaborées dans les administrations centrales de l’État dont les méthodes de travail ne dépendent pas de la majorité en place. Surtout, une prévision de croissance est, par nature, incertaine. Il est donc absurde d’y trouver matière à polémiquer. Reste qu’il faut s’interroger sur les conséquences de cette croissance en berne.
Déficit : une volonté intacte d’assainir nos comptes publics
La baisse des prévisions de croissance pour 2013 va naturellement conduire le gouvernement à ajuster sa stratégie de réduction du déficit. Le budget 2013 prévoit un effort de plus de 30 Milliards répartis entre l’État, les entreprises et les ménages. Du jamais vu ! Mais avec une croissance moins soutenue que prévue, les 3% de déficit ne pourront être atteints sans mesures supplémentaires. Or l’effort demandé est déjà considérable. Il faut que la droite cesse d’enjoindre le gouvernement à une cure sévère d’austérité alors que c’est cette même austérité généralisée qui asphyxie l’Europe, pénalise ses exportations et assèche le pouvoir d’achat du plus grand nombre. Une telle austérité ne peut que freiner le rebond économique et conduire la France et l’Europe dans une spirale récessive. Il faudra donc abandonner le dogme des 3% comme le recommande d’ailleurs le FMI. Cela n’entame en rien la détermination du gouvernement à mener une politique budgétaire responsable. La Cour des comptes vient de reconnaitre que l’effort structurel pour 2013 était sans précédent. Le déficit structurel en 2013 sera ainsi de 1,6% contre 3,6% cette année, soit un effort de 2 points de PIB. Encore une fois, c’est du jamais vu ! Les leçons d’orthodoxie budgétaire de la droite sont donc bien mal venues quand on connait les résultats de leur gestion des comptes publics ces dernières années : 600 Mds de dettes supplémentaires en 5 ans ! En outre, les économistes sont unanimes : couper davantage dans les dépenses en ces temps de morosité économique ferait à coup sûr sombrer la France en récession. Le maintien de la croissance à court terme doit rester une nécessité absolue et n’est d’ailleurs pas contradictoire avec le sérieux budgétaire. Car ce qui importe, comme l’a rappelé le Premier Ministre, c’est la trajectoire de nos finances publiques. Et celle-ci demeure inchangée : l’objectif d’équilibre structurel en 2016 sera atteint et Jean-Marc Ayrault a confirmé le cap du 0% de déficit à la fin du quinquennat de François Hollande. Il a pour cela lancé le chantier de la Modernisation de l’Action Publique, 40 audits des politiques publiques, qui permettront de dégager des économies de 60 Mds d’euros sur le quinquennat en identifiant les dépenses les moins efficaces économiquement. Des économies ont déjà été identifiées : 2 Mds d’euros pour les aides aux entreprises, 1,3 Mds pour la formation professionnelle, 1,5 Mds pour la politique familiale… Les collectivités locales seront aussi mises à contribution puisque leur dotation sera progressivement réduite (1,5 Mds en 2014, et à nouveau 1,5 Mds en 2015). On le voit, le gouvernement se mobilise pleinement pour trouver les économies structurelles nécessaires à l’assainissement de nos finances publiques sans sacrifier la vitalité économique dont le pays a tant besoin. Une belle preuve de lucidité dont la droite ferait bien de s’inspirer.