Les récents propos de Manuel Valls sur les Roms en ont choqué plus d’un. Je suis moi-même surpris par la teneur de ces paroles qui s’éloignent du discours, certes ferme mais serein et entièrement républicain, qui prévalait jusqu’à présent.
Manuel Valls a raison quand il dit qu’il est nécessaire de procéder au démantèlement des campements illicites de Roms dès qu’une décision de justice est prise en ce sens. Il serait même anormal qu’il en aille autrement car le Ministre de l’Intérieur et la police doivent veiller à que les injonctions judiciaires s’appliquent. À quoi servirait la justice sinon ? C’est donc au juge de tenir compte de tous les éléments à sa disposition (salubrité publique, possibilité de relogement, scolarisation des enfants…) dans sa décision mais, une fois celle-ci prise, elle a bien vocation à être appliquée par les forces de l’ordre.
Mais Manuel Valls est allé plus loin en affirmant ex cathedra que les populations roms n’ont pas vocation à rester sur notre territoire en raison d’une supposée incompatibilité de mode de vie. Selon lui, les Roms ne voudraient pas s’intégrer pour des raisons culturelles et entreraient ainsi volontairement en confrontation avec les Français. Je ne souscris pas à cette analyse réductrice qui me rappelle trop celle de certains.
Il faut d’abord rappeler que les Roms sont loin d’être un groupe homogène. Juger à l’emporte-pièce que l’ensemble de cette population n’est pas capable de s’intégrer en France, c’est faire montre d’un manque de nuance qui ne peut que discréditer les propos tenus. Surtout, faire reposer cette incapacité à s’intégrer sur une base ethnique et culturelle n’est pas acceptable. Les personnes Roms parfaitement intégrées ou celles qui font tout pour l’être n’ont pas dû apprécier la remarque inutilement blessante et inutilement stigmatisante du Ministre de l’Intérieur.
Il faut ensuite admettre que la question des Roms est complexe. Mais c’est justement cette complexité qui doit nous inviter à la retenue et à l’apaisement dans nos propos. Je ne nie pas pour ma part qu’il existe au sein de ces populations une propension à la délinquance ou au repli sur soi. Ce n’est pas un tabou de l’évoquer – tant que l’on précise expressément que seule une partie de cette population est concernée. Faut-il pour autant en faire un outil de communication ? Je ne le crois pas. De manière générale, le sujet des Roms (20.000 personnes) occupent dans les discours politiques une place qui outrepasse son poids réel dans la société.
Enfin, nous savons pertinemment que la question des Roms ne se résoudra qu’à l’échelle européenne avec la collaboration des pays d’origine de ces populations, notamment la Roumaine et la Bulgarie, qui doivent faire l’effort d’intégrer ces populations – certaines activités et certains emplois ne leur sont pas ouverts. En attendant, les lois existent : qu’elles s’appliquent tout simplement ! Mais ce n’est pas notre rôle de pointer du doigt une communauté pour instrumentaliser les peurs des Français. Cela ne peut que créer des crispations supplémentaires chez les Français et le malaise chez tous nos militants de gauche.