L’affaire Léonarda n’a décidément pas fini de faire tourner la tête à nos responsables politiques. Dernière victime en date : Jean-François Copé.
Le Président de l’UMP a ainsi déclaré mardi que son parti présentera d’ici la fin de l’année une proposition de loi visant à supprimer l’acquisition automatique de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers en situation irrégulière. Il s’agit ni plus ni moins de remettre en cause le droit du sol, socle fondamental de notre République, hérité de la Constitution de 1791 et des lois de la IIIème République, auquel même Nicolas Sarkozy n’avait osé s’attaquer puisqu’il déclarait encore entre les deux tours de la présidentielles de 2012 que « le droit du sol, c’est la France ».
Cette proposition inique, qui aurait pour effet désastreux de fabriquer des apatrides, repose en outre sur des mensonges savamment entretenus depuis des années par le Front national et aujourd’hui repris par l’UMP. Il est en effet faux d’affirmer que n’importe quel enfant né sur le territoire français possède la nationalité française. D’une part, il doit en faire la demande (à partir de ses 16 ans, ou dès 13 ans avec une autorisation parentale). Il faut donc bien que se manifeste une volonté de devenir français. D’autre part, la demande d’acquisition de nationalité française est soumise à des conditions strictes de résidence (5 ans) sur le territoire français.
Qui peut douter qu’un enfant né en France, ayant vécu plusieurs années en France, ayant été scolarisé en France sur la même durée, faisant montre d’une volonté d’intégrer la communauté nationale en déposant une demande d’acquisition de nationalité, ne puisse pas devenir un Français comme les autres ? En vérité, chacun le sait, Monsieur Copé joue avec les peurs des Français pour chasser sur les terres du Front national. Je ne suis guère plus étonné par l’indigence morale de l’UMP qui n’hésite plus ces dernières semaines à reprendre à son compte bon nombre de propositions de Marine Le Pen : restriction du regroupement familial, rétablissement des contrôles aux frontières dans l’espace Schengen, remise en cause de l’Aide Médicale d’État, réduction drastique de l’immigration légale…
La gauche ne doit pas laisser s’installer ces idées-là ! Je me souviens que nous nous étions battus avec détermination – et succès – contre l’interdiction de la double nationalité envisagée par la droite au pouvoir il y a quelques années. Bien que la droite soit aujourd’hui dans l’opposition, nous devons continuer à combattre avec autant de force ses propositions les plus antirépublicaines.