En faisant le pari d’assumer une social-démocratie moderne, François Hollande fait marcher le parti socialiste français sur les traces de son homologue allemand : notre Bad Godesberg à la française est enfin en marche !
Cette évolution ne doit pas nous effrayer. À vrai dire, elle est même déjà largement entamée. François Hollande a été élu sur la promesse de réduire les déficits, il a engagé dès son arrivée au pouvoir le chantier de la compétitivité avec le rapport Gallois qui a donné naissance au CICE, il a fait s’asseoir autour d’une table les partenaires sociaux en inscrivant au menu des négociations la sécurisation de l’emploi, les retraites et la formation professionnelle.
Aussi ne suis-je pas surpris d’avoir entendu François Hollande réaffirmer hier son positionnement social-démocrate en présentant son pacte de responsabilité qui n’est qu’un approfondissement de la politique de l’offre menée depuis plus d’un an. Car le président de la République a bien compris que le problème essentiel de l’économie française était celui de la production. Produire plus – à condition de produire mieux : tel doit être l’objectif de la France dans les années à venir. Le pacte de responsabilité en sera la condition.
Il s’agit d’abord de réduire les coûts de production en allégeant celui du travail par une baisse équivalente au montant des cotisations familiales – plus de 30 milliards qui financent aujourd’hui une politique familiale universelle profitant à tous et non aux seuls salariés. Il faudra ensuite réformer la fiscalité des entreprises en diminuant notamment le nombre de taxes acquittées par ces dernières afin de relancer leurs investissements. Enfin, la poursuite du choc de simplification permettra de lever un certains nombre de contraintes administratives qui font obstacle au développement des entreprises.
L’État financera la baisse des charges des entreprises non par l’impôt mais bien par la réduction des dépenses publiques. François Hollande a ainsi rappelé les marges de manœuvres existantes : refonte de l’organisation territoriale, lutte contre la fraude sociale, rationalisation des actes médicaux et prescriptions médicamenteuses, etc. Mais, parce qu’il s’agit d’un pacte de responsabilité et non d’un simple pacte de compétitivité, des contreparties seront exigées de la part des entreprises, deux principalement : la création d’emplois avec des objectifs chiffrés d’embauches et la poursuite du dialogue social sur la formation, les conditions de travail et la rémunération.
À chacun maintenant de prendre ses responsabilités comme le président de la République nous y invite. Alors, la prospérité économique sera à notre portée. Alors, la pérennité du modèle social français sera garantie. Alors, notre pays sera enfin entré dans la culture du compromis propre à la social-démocratie. Ce n’est pas un hasard si François Hollande a voulu relancer hier le couple franco-allemand à travers trois initiatives sur la convergence fiscale et sociale, la transition énergétique et la défense. La social-démocratie française dont François Hollande veut être l’artisan se construit aujourd’hui sur le modèle de la social-démocratie allemande d’hier. C’est un acte fondateur dans l’histoire du socialisme français qu’a posé François Hollande ce mardi 14 janvier. Pour ma part, j’accompagnerai pleinement cette évolution nécessaire.