L’annonce du report sine die de la loi famille est une mauvaise affaire pour la démocratie et nos institutions. Comment accepter qu’une frange réactionnaire de la population, largement manipulée par des groupes extrémistes, dicte ainsi sa loi à tous ?
J’ai conscience que toute société est confrontée à des tensions autour de valeurs éthiques qui donnent aux choix personnels une dimension collective. Il est du devoir du gouvernement d’apaiser ces tensions, d’entendre les craintes exprimées, mais aussi de rejeter celles qui sont illégitimes.
En l’occurrence, le leitmotiv des quelque 120.000 personnes qui ont défilé ce week-end n’était qu’un tissu de mensonges ou d’élucubrations sans fondement. PMA, GPA, « théorie du genre », rien de ce qu’ils contestaient n’était présent dans la loi famille.
Au contraire, ce projet de loi avait été élaboré dans la concertation et reprenait de nombreuses demandes des associations familiales. Du développement de la médiation familiale en cas de séparation conflictuelle à l’amélioration du statut et des droits du beau-parent en passant par la facilitation de l’adoption simple, toutes les mesures envisagées faisaient l’objet d’un large consensus.
Comment en est-on arrivé à retirer un projet de loi au contenu reconnu comme positif par le plus grand nombre pour calmer une partie de la population qui s’oppose avec véhémence à des non-projets ? J’y vois l’effet délétère du climat de défiance généralisée qui règne en France depuis plusieurs mois et dont l’une des premières victimes fut l’écotaxe. Un sursaut républicain de toutes les forces progressistes de la société est plus que jamais nécessaire pour mettre un terme à cette tactique de l’intimidation. En parallèle, le gouvernement doit rasseoir son autorité sur le calendrier législatif qui ne doit plus être perturbé par une minorité réactionnaire et le parlement doit réaffirmer sa légitimité à faire la loi sur tous les sujets, mêmes les plus sensibles.