Il nous faut continuer après cette défaite historique.
Tout a été dit sur les résultats de ces élections municipales. Le PS est touché dans ses fondements car sa base, c’est le socialisme municipal, puisque contrairement aux autres pays européens nous n’avons pas de mouvement syndical important et structuré comme le SPD allemand ou le Labour britannique. Nous avons perdu 1/3 des villes de plus de 10.000 habitants par notre faute seule et la droite les a gagnées par défaut. Il n’y a pas de vague bleue puisque la droite reste autour de 46% des suffrages. Il n’y a pas de raz-de-marée FN avec 9 villes gagnées et un étiage de 16%. Il y a surtout une immense abstention des électeurs de gauche qui s’est même accrue au deuxième tour et qui s’est amplifiée encore plus dans les grandes villes. Plus grave encore, nous allons perdre l’essentiel des communautés urbaines qui faisaient notre force. Les quelques villes que nous avons gagnées comme Avignon ou conservées comme Strasbourg ne peuvent suffire à nous consoler.
Je ne suis pas de ceux qui blâment Jean-Marc Ayrault. C’est un honnête homme, simple, droit et il a fait son travail de Premier ministre. Il a protégé le Président et appliqué la ligne politique qui lui avait été assignée : réduire les déficits de toutes sortes, rapprocher la gauche des entreprises, faire le mariage pour tous, etc. Il l’a fait en social-démocrate assumé, aidant ainsi notre parti à sortir de son salmigondis néo marxisant, confus et inefficace. Nous avons en France un électorat de 10% qui se veut d’extrême-gauche, à gauche de la gauche comme ils s’autoproclament : le PC, le Front « de gauche », etc. Et nous avons au sein de notre parti 20% de camarades qui partagent peu ou prou ces idées. Précisément, quelles idées ? On nous presse de « changer de cap » : mais quelle est la politique alternative proposée ? La relance de la consommation ? On sait que dans une économie où les entreprises ont une compétitivité plus faible que les voisins, cela se traduit par une augmentation des importations. Limiter les échanges et l’exposition à la mondialisation ? Ce n’est guère crédible et notre imbrication à l’Union européenne et à l’euro est irréversible. Certains députés socialistes parlent de ne pas voter la confiance au gouvernement s’il n’y a pas de politique « nouvelle ». L’interrogation, la recherche des causes, la volonté de tourner la page sont légitimes et les camarades qui pensent ainsi méritent d’être écoutés, même si cela serait une lourde responsabilité que de faire tomber le gouvernement. Préférer la droite est plus qu’un risque, une faute qui leur serait reprochée. Il faut les entendre sur un point important : redonner espoir aux salariés à la fois pour des raisons de justice sociale et fiscale et pour soutenir la croissance trop anémique. Il nous faut absolument éviter le piège mortel de la déflation.
C’est le mandat qui est donné à Manuel Valls : mettre en œuvre le pacte de compétitivité, lancer celui de solidarité, changer le mode de fonctionnement du gouvernement en en faisant un moteur dynamique de progrès et non une boîte à couacs des égos ministériels. Je connais Manuel depuis plus de trente ans : il a les qualités nécessaires. Aidons-le, soutenons-le !