Après deux jours d’une panique intense déclenchée par l’éviction surprise de son candidat à l’issue du premier tour de l’élection législative partielle dans la quatrième circonscription du Doubs, qui a porté les candidats du Front national et du Parti socialiste au second tour, l’UMP « appelle tous ceux qui se reconnaissent dans ses valeurs à exprimer leur double opposition en votant blanc ou en s’abstenant ».
Il faut bien comprendre ce que cette position du « ni-ni » implique. Elle ne souffre d’aucune ambiguïté et ne permet aucune méprise. Elle signifie, de manière parfaitement explicite, que le PS ne vaut pas mieux que le FN. Appliquée à l’échelle nationale, elle érige Marine Le Pen au même niveau que François Hollande. L’UMP ne laisse aucun choix à ses électeurs : ni appel à la sagesse, ni même liberté de vote, elle donne la consigne claire de ne surtout pas voter PS pour battre le FN.
Que l’on ne s’y trompe pas : en refusant de choisir entre le PS et le FN, l’UMP fait en réalité le choix du FN. D’une part, en ne faisant rien pour l’empêcher, elle accepte par sa passivité la victoire du FN et se rend responsable de l’élection potentielle d’une députée qui croit « en l’évidente inégalité des races ». D’autre part, après avoir fait siennes certaines des idées du FN, l’UMP s’approprie les méthodes du parti d’extrême-droite consistant à mettre dans le même sac tous ses opposants. On savait que le FN combattait l’ « UMPS », voilà maintenant que l’UMP combat le « FNPS ».
Notre parti sait quant à lui faire la distinction entre ses adversaires sans tergiverser. Le candidat PS qui a perdu le premier tour des législatives partielles dans l’Aube en décembre dernier a mis moins d’une minute pour appeler à voter UMP et faire battre le FN au second tour. Jamais le PS ne facilitera la victoire de l’extrême droite, que ce soit à la tête du pays ou dans une législative partielle.
Je sais que plusieurs membres de l’UMP (Juppé, NKM, Larcher…) se sont désolidarisés de la consigne de leur parti en déclarant qu’ils voteraient personnellement pour le candidat socialiste. Je salue leur courage et la constance de leurs convictions républicaines. Je sais aussi que Nicolas Sarkozy a tenté de faire voter par le Bureau politique de l’UMP une motion ouvrant trois possibilités : l’abstention, le vote blanc et le vote pour le candidat PS. C’était une position hypocrite et couarde mais qui avait le mérite de ne pas assimiler le PS au FN. Las ! Désavoué par ses troupes, le président de l’UMP ne maitrise plus son parti qui s’est coupé de ses racines républicaines.
Un mois après les assassinats des journalistes de Charlie, des clients du supermarché de la Porte de Vincennes et de policiers, on doit constater que la route vers un rassemblement national reste longue.