Les résultats de l’élection législative partielle dans la quatrième circonscription du Doubs laissent un sentiment mitigé. Bien sûr, je me réjouis de la victoire du candidat socialiste qui a comblé son retard du premier tour sur la candidate FN en menant une campagne de terrain dans un contexte difficile et, il faut le rappeler, sans l’aide de l’UMP. Il ne faut toutefois pas céder au triomphalisme : la victoire est serrée et le niveau atteint par l’extrême droite très préoccupant.
Gardons-nous de tirer des leçons trop hâtives de cette élection. Ce n’est pas le parti socialiste qui a remporté cette élection mais son candidat, un élu de qualité dont le travail et la proximité avec sa circonscription sont appréciés localement – pour rappel, la candidate du FN habite une circonscription voisine et n’a donc pas voté à cette élection. Je crois autant sinon davantage au poids des relations humaines qu’à un « effet Charlie » qui serait favorable au gouvernement même s’il est incontestable qu’un sursaut de mobilisation de l’électorat de gauche a permis de faire barrage à l’extrême droite.
Le score élevé du FN (48,57%), qui gagne 16 points entre les deux tours, montre que la digue républicaine entre la droite et l’extrême droite a définitivement sauté. L’UMP a perdu toute crédibilité dans cette élection. Après une déroute électorale au premier tour, la forfaiture morale de l’entre-deux tours, avec cette stratégie du « ni-ni », s’est traduite par un échec politique cinglant dans les urnes. Les consignes d’abstention n’ont pas été entendues (la participation augmente de 10 points entre les deux tours), pas plus que celles du vote blanc (un peu plus de 5%, un niveau normal pour un second tour). L’UMP n’a donc pu empêcher – et a même probablement encouragé par son comportement antirépublicain – le report massif de ses électeurs vers le FN.
Cette élection doit nous rappeler une évidence : face à un bloc réactionnaire toujours plus puissant, les forces républicaines doivent se rassembler. En attendant l’inévitable recomposition de la droite, qui devra apporter une clarification indispensable à sa position face au FN, c’est d’abord à la gauche de s’unir pour défendre la République. La division des partis de gauche offre un boulevard au FN et à la droite. Il n’y aura pas d’« effet Syriza » en France, comme en atteste le score du candidat d’extrême-gauche au premier tour (3%), tout simplement car l’offre politique contestataire en France est bien mieux organisée à l’extrême-droite qu’à l’extrême-gauche. L’urgence pour la gauche française est donc plus que jamais à l’unité.