Depuis deux jours la droite a décidé de polémiquer sur le déplacement à Berlin de Manuel Valls, pour une rencontre avec Michel Platini en marge de la finale de la ligue des champions.
Sur ce genre d’affaires, les remarques inutiles et grossières pleuvent alors qu’il faut simplement regarder les faits, sans exagération, mais sans complaisance non plus.
Le premier Ministre a-t-il enfreint les règles ? En aucun cas.
S’agit-il d’un faux pas politique ? Assurément.
Doit-il en rembourser une partie ? Ce serait la meilleure des réponses.
Je m’explique : la règle est que le Premier Ministre en tant que chef du gouvernement bénéficie d’une protection et d’un encadrement particulier pour chacun de ses déplacements, publics comme privés. Aide de camp, officiers de sécurité… c’est à chaque fois une équipe d’au moins 5 personnes qui accompagne le Premier Ministre d’où la nécessité de moyens de transport susceptibles d’accueillir beau coup de monde. Une composante de l’armée de l’air est spécialement dédiée au transport des autorités gouvernementales ; pour des raisons évidentes, de sécurité et de réactivité, le Premier Ministre est avec le Président de la République le premier bénéficiaire de ce privilège.
Or à l’occasion de ce déplacement, le Premier Ministre été accompagné par deux de ses enfants. Sans pour autant que le coût du voyage s’en ressente : un avion de l’État qui vole avec deux personnes en plus à la place de deux sièges vides ne coûte rien de plus au contribuable.
Les règles n’ont pas été enfreintes. Il s’agit cependant d’une erreur politique. Parce que dans la situation actuelle, avec tous les efforts que le gouvernement et la majorité demandent légitimement aux français pour redresser notre pays, ce voyage apparaît comme incompréhensible. Aujourd’hui dans l’opinion publique l’aspect « agrément » du voyage (le match avec ses enfants à ses côtés) occulte totalement l’aspect « officiel » (la réunion sur l’euro 2016 avec Platini).
Alors que faire ? Soyons honnêtes, reconnaissons que la réponse apportée par Matignon ou par Jean Christophe Cambadélis était maladroite. Pourquoi ne pas avoir tout de suite admis la présence de la famille du Premier Ministre ? Je connais Manuel Valls depuis très longtemps et je sais que ce n’était pas son intention, mais cela renforce une fois de plus l’impression que le gouvernement et les politiques veulent cacher des choses. Il faut expliquer sans mentir, dire les choses telles qu’elles sont ; et puisque la polémique ne désenfle pas, peut-être accepter de rembourser une partie de ces 20 000 euros. Ce serait un signe vers nos concitoyens que le message est passé, et que même si il n’y avait pas faute, nous devons toujours rester plus vigilants, car les symboles sont parfois plus destructeurs que les faits.