Voici un de ces beaux débats comme les Français les aiment. Marion Le Pen était invitée à l’université d’été de l’église catholique du Var à Plan-d’Aups-Sainte-Baume. Elle y participait à un débat sur l’engagement des jeunes catholiques dans la vie politique et sociale.
Fallait-il ne pas l’inviter alors même qu’elle est députée régulièrement élue et qu’elle représente un parti qui fait 20-25% ?
À l’évidence, non. Dans un débat, chacun doit pouvoir faire valoir ses positions quand bien même elles seraient choquantes ou contraires à la morale. C’est précisément ce qui devrait être le cas lors de ces tables rondes : montrer que le refus des autres, la volonté d’exclusion, le racisme ordinaire ne sont pas compatibles avec l’Évangile. Sans parler des absurdités économiques du FN comme l’isolement de l’espace français (y compris sorti de Schengen et de l’euro), …
Cela n’empêche pas d’être lucide et de comprendre qu’une partie de l’Église catholique de France penche vers le Front national sur les questions de l’enseignement, de la vie de couple, de la famille, de l’attitude vis-à-vis du genre. On se rappelle la sarabande menée par les extrémistes de tout poil lors du vote de la loi « mariage pour tous ». Sans aller jusqu’à penser que cela était finement orchestré par l’épiscopat, il en est resté un sentiment de méfiance sur la neutralité politique de l’église catholique, méfiance que l’on a rencontré à nouveau lors des débats sur le « genre » à l’école, et les débats de bioéthique.
La difficulté pour l’Église dans le présent cas est de prendre ses distances vis-à-vis du Front national. L’invitation à ce débat, légitime, ne doit pas montrer un rapprochement ou une communauté d’idées. Bien au contraire, qu’il soit possible de suggérer que c’est une occasion pour l’Église de marquer son refus des doctrines inacceptables du FN. Elle aura alors fait avancer la démocratie.