Le choc a été dur, dimanche soir, à l’annonce des résultats du premier tour des régionales, car ces derniers marquent la victoire en demi-teinte des Républicains (LR) et surtout du Front National, en tête dans 6 régions sur 13 en France métropolitaine, et ce parfois avec une avance considérable sur les autres partis.
Défaite généralisée pour la gauche ; pour le Parti socialiste, mais aussi et surtout pour les écologistes et le Front de Gauche, la pilule est donc difficile à avaler, et ce malgré les sondages qui annonçaient cette tendance.
Dès lors, la stratégie de retrait adoptée par le PS est incontournable. Si nous ne devons pas céder au fatalisme et que rien n’est définitivement joué, faire le choix de l’unité n’est plus une option si nous voulons endiguer le raz-de-marée bleu marine. Devant ce séisme politique, nous nous devons d’être responsables, même si cela signifie parfois le dur sacrifice des candidats de gauche.
Les propos de Nicolas Sarkozy, qui maintient son discours du « ni-ni » en refusant catégoriquement toute fusion avec le PS et tout retrait face au FN, relèvent alors d’une grande irresponsabilité et rendent impossible l’idée d’un « barrage républicain ». Ils sont, une fois de plus, la preuve de son arrivisme politique vis-à-vis du FN, et entretiennent le jeu dangereux auquel son parti se plie en radicalisant sans cesse sa position dans une tentative de récupération des votes extrême-droite. Il n’est alors pas surprenant de noter qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, un élu municipal FN se permet d’appeler à voter Wauquiez au second tour pour faire barrage à la gauche. À force de jouer sur leur terrain, le risque est que les électeurs ne fassent plus la différence entre les deux partis.
Cette ligne politique finira d’ailleurs par entraîner la division de la droite. Les alliés centristes des Républicains, mais aussi Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre Raffarin, souhaitaient un retrait des listes de droite arrivées en troisième position. Ils ont compris que la poussée du FN aux municipales, aux départementales, et maintenant aux régionales n’était pas anodine.
En effet, cette dynamique ouvre de nouvelles perspectives pour 2017, et celles-ci ne sont pas réjouissantes. L’hypothétique victoire de Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ne serait qu’un pas de plus vers la présidentielle.
Si ces élections marquent la fin d’un cycle pour le PS, autrefois caractérisé par l’unité de la gauche et par un militantisme prononcé, elles doivent alors être l’occasion d’une véritable remise en question. Il faut désormais nous employer à comprendre les raisons profondes du vote FN : chômage, jeunesse et ruraux abandonnés, immigration, parti attrape-tout et fonction contestataire… Aujourd’hui, 6 millions de citoyens souhaitent le changement, et cela à tout prix. Nous devons les convaincre que celui-ci viendra de notre action, et non pas des mesures xénophobes et liberticides d’un parti d’extrême droite. J’ajoute enfin que nous devons nous préparer à voir arriver le FN parmi les Français à l’étranger et de voir fleurir certaines de leurs thèses.