Le 51ème congrès de la CGT, qui se tenait toute la semaine à Marseille, se termine aujourd’hui. Ce rendez-vous, qui regroupe tous les trois ans plus de mille délégués de la confédération syndicale, devait permettre de rassembler des troupes divisées après l’affaire Lepaon, qui avait entamé la confiance des militants à l’égard du bureau confédéral.
Le syndicat le plus vieux de France reste pour le moment le premier en termes de représentativité, et regroupe toujours quelques 678 623 adhérents, selon les derniers chiffres officiels. Pourtant, il fait face à une sérieuse perte de vitesse, à tel point que son secrétaire général, Philippe Martinez, a récemment affirmé sa crainte de voir la CFDT le doubler lors des élections professionnelles de 2017.
Après la loi travail, véritable aubaine pour le syndicat qui a pu redonner de la voix en exigeant le retrait du texte, le congrès était pour lui l’occasion d’afficher son unité et de mettre un terme à la crise de gouvernance qui secoue le bureau fédéral depuis 2015. Plus que le scandale concernant les primes de Monsieur Lepaon et les travaux conduits dans son appartement de fonction qui avait conduit à sa démission, l’élection de Philippe Martinez avait également été source de dissensions internes, entraînant notamment l’évincement de sa compagne à la tête de la fédération santé après que cette dernière ait voté contre l’avis donné par sa base.
Cette semaine de débats a pourtant été très mouvementée. En début de semaine, Thierry Lepaon, mais également Philippe Antoine, le représentant de la CFDT, les représentants de l’Unsa et la délégation du Parti socialiste ont été copieusement sifflés et hués. Ces comportements sont alors révélateurs de la ligne dure adoptée par la CGT depuis l’élection de Philippe Martinez. Le discours de ce dernier est devenu très critique à l’égard du gouvernement, et ce notamment depuis l’instauration de l’état d’urgence en novembre. Au congrès il n’a pas hésité, dans ses discours, à placer François Hollande sur le même plan que Nicolas Sarkozy.
Pour tenter une sortie de crise, le syndicat a donc fait le choix de radicaliser ses positions, tournant le dos à la CFDT et fermant la porte au courant réformateur. Pourtant, la carte de la contestation radicale ne pourra être jouée éternellement si la CGT veut voir remonter sa côte de popularité. Des débats de fond devront être enclenchés, que ce soit sur son rôle vis-à-vis du syndicalisme européen ou sur le rapport qu’elle entretient avec les salariés.
Bien plus que sa capacité de rassemblement, le congrès a donc mis à jour les défis auxquels le syndicat doit faire face, alors même que ce dernier se raidit sur certaines postures idéologiques sans prendre la peine d’être une force de proposition convaincante. Dans ces conditions, il ne lui sera que plus difficile d’enrayer son déclin.