Dans un contexte d’instabilité culturel et économique, les « rupturalistes » ont su saisir leur chance, tristement la « troisième voie » émerge.
Chaque jour, sur fond de déception globale, ils sont de plus en nombreux à rejeter les principes fondamentaux centristes de droite et de gauche, faisant ainsi l’objet des convoitises des politiciens d’extrême-droite, radicaux et populistes.
Outre-Atlantique, Donald Trump, novice en politique, outrancier, amateur de frasques et dérapages a raflé l’élection présidentielle grâce à un discours radical mêlant racisme, sexisme et isolationnisme... Les propositions énigmatiques de son programme méritent d’être rappelées : triplement du nombre d’agents de l’immigration, expulsion de 11 millions d’immigrés illégaux, édification d’un mur de 600 km « financé par Mexico » le long de la frontière avec le Mexique, sortie de l’Organisation Mondiale du Commerce, taxation des produits fabriqués en Chine et au Mexique… Son élection illustre la crise profonde qui touche la social-démocratie dans le monde et plus particulièrement en Europe et va de pair avec la montée de l’extrême droite et du populisme.
Sur le vieux continent, il n’y qu’à regarder ce qui se passe en Italie, au Pays-Bas, dans les régions industrielles de l'Allemagne orientale, dans les banlieues ouvrières de Vienne, en Pologne industrielle ou en Slovaquie agricole… Qu’ils viennent d’Europe occidentale, du nord ou de l’est, nombreux sont les électeurs se réclamant d’une rupture totale avec le système en place. Leurs points de ralliement sont multiples : hostilité face aux migrants en Europe, combat contre l’islam, contre l’Europe, lutte contre une recrudescence de la criminalité et redressement d’une société en déclin, hostilité à l’impôt ou à la propriété intellectuelle.
Par opposition aux partis traditionnels taxés d’« élites » – soucieux exclusivement de leur intérêts propres –, qu’il s’agit du FN de Marine Le Pen en France, du parti indépendantiste UKIP de Nigel Farage au Royaume-Uni, du Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo et des Ligues du Nord, ou encore du Parti de la Liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas, tous se disent « du peuple », comme s’ils avaient, mieux que les autres, compris ses aspirations. Bien que les situations soient très différentes selon les pays, on peut remarquer que le sentiment nationaliste, la peur de l’autre, du multiculturalisme, et la défiance des élites sont largement partagés. C’est aussi la crise de la social-démocratie et des partis sociaux-démocrates à travers tous les pays de l’Union.
En France, de scrutin en scrutin, la progression constante du Front National rythme la politique française. Selon tous les sondages, tout porte à croire que Marine Le Pen sera au second tour de l’élection présidentielle en mai 2017.
« La décision du peuple américain doit s’interpréter comme la victoire de la liberté, la liberté d’un peuple souverain » a-t-elle apprécié, et soulignant que c’était « une bonne nouvelle pour notre pays ». La montée du populisme se confirme, les incertitudes qu’il génère grandissent et les progressistes du monde entier font face à un tremblement de terre.
Non ne pouvons rester insensible face à cette victoire, ou encore celle, au premier tour, du candidat d’extrême droite Norbert Hofer en Autriche qui, en raison des risques économique et géopolitique qu’elles entrainent, appellent à une prise de conscience, je dirais même plus, à une remise en question des partis « traditionnels » face à leur échec. Il faut réagir et impulser une nouvelle dynamique tant à l’échelle nationale que communautaire en réaffirmant les valeurs démocratiques et sociales. Et face aux eurosceptiques, rappeler à quel point l’Europe est un espace de liberté, de sécurité et de justice. Caractérisons les partis d’extrême droite en Europe, pour les combattre, rappelons leur vraie nature : anti-européen, populistes et xénophobes. La France, l’Europe, et le Monde doivent offrir une alternative à ces réponses simplistes qui nient la réalité même du monde.