L’enquête sur les éventuels emplois fictifs de l’épouse et des enfants de François Fillon a été élargie aux chefs « d’escroquerie aggravée » et de « faux et usage de faux ». Elle a également été étendue aux conditions dans lesquelles des costumes de luxe ont été offerts au candidat.
Cette semaine encore on apprenait que le député de Paris aurait, en 2015, mis en relation Fouad Makhzoumi, homme politique et businessman libanais, avec le président russe Vladimir Poutine et le PDG de Total contre la modique somme de 50 000 $. Les révélations se succèdent et François Fillon, lui, n’en démord pas. Pire encore, il crie au complot et à la « machination ».
Dans un communiqué de presse publié le 22 mars, l’un de ses porte-paroles s’acharne sur le « pouvoir socialiste », l’accusant de briser le secret de l’instruction et d’organiser des fuites concernant l’enquête sur l’affaire sur les emplois fictifs, dans laquelle l le candidat de la droite a été mis en examen. Le tout avec un champ lexical du complotisme abondamment fourni. François Fillon, quelques minutes après la publication du communiqué, s’était lui-même offusqué : « Chaque semaine, il y a des fuites organisées contre le secret de l’instruction par les services de l’État ».
Invité de « l’Émission politique » sur France 2, le 23 mars 2017, le candidat de la droite à la présidentielle a réitéré et sorti l’artillerie lourde, mettant directement en cause le Président de la République, l’accusant d’avoir instrumentalisé les services de l’État pour l’éliminer de l’élection présidentielle. « On cherchait un cabinet noir, on l’a trouvé, ce cabinet noir », affirme encore Monsieur Fillon.
Mais c’était sans compter sur le Parquet national financier (PNF) qui, en ouvrant une enquête contre l’ex ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, après la révélation par l’émission Quotidien (TMC) de l’emploi de ses filles comme collaboratrices parlementaires, vient de torpiller le principal argument de la défense de François Fillon… Jusque-là, le candidat LR et son entourage n’avaient qu’un mot à la bouche : une justice « instrumentalisée ».
Je trouve sa défense désespérée et facile. Lorsqu’un homme politique, de surcroît candidat à l’élection présidentielle est incriminé, on attend de lui des réponses détaillées, des explications concrètes, des arguments recevables susceptibles de l’aider à se racheter une image. Mais non, François Fillon opte pour un renvoi de balle à l’exécutif et crie au complot quitte à mettre à mal nos institutions démocratiques. Le fervent croyant serait-il finalement sans foi ni loi ?
Le parquet national financier et François Hollande ne sont pas, selon le candidat, ses seuls détracteurs. Les médias, à l’instar du Canard Enchaîné, feraient, eux aussi, partie du complot. Qu’y a-t-il d’étrange à vouloir vérifier si le favori de la présidentielle est aussi intègre qu’il l’assure ? C’est son côté irréprochable et moraliste qui lui a joué des tours. Il a tendu le bâton pour se faire battre et a reçu une jolie leçon. Dans l’éventualité où l’enquête judiciaire conclurait à une fraude ou un détournement d’argent public, je me réjouirais que des journaux, des chaînes télévisées ou encore des radios aient eu le courage de révéler ces affaires au grand jour.