La droite classique et dure se regroupe progressivement autour de Laurent Wauquiez. Celui-ci incarne une droite dure et brutale, celle qu’il met en œuvre dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : coupes massives dans les budgets (encore que de cela, il faudrait parler), suppression des subventions à toutes les associations sauf celles qui « plaisent », main tendue aux églises traditionalistes, centralisation de tous les pouvoirs autour de sa personne, priorité à la sécurité, politique anti-immigrés, ... (peu de différences avec le FN).
Très préoccupé de sa propre personne (« je suis brillant, j’ai fait les écoles, je suis beau, les vieilles dames m’aiment, ma mère est maire du Chambon sur Lignon, Mecque – si l’on peut dire – du protestantisme, admirez ma parka rouge »), n’a pas montré beaucoup de qualités de cœur, allant jusqu’à supprimer la subvention à l’association des « Enfants d’Izieu ».
Ce sera la renaissance du grand parti bonapartiste que René Rémond décrivait : bien implanté territorialement, doté d’une base populaire. Il lui faudra toutefois construire un nouveau parti, sans les anciens, et qui suive sa parka rouge sans discuter.
Celles et ceux de la droite qui sont sur une sensibilité différente, par exemple, moins libéraux, plus sensibles à la justice sociale, partageant des valeurs religieuses ou éthiques moins conservatrices, moins hostiles ou sceptiques sur l’Europe, n’en feront pas partie. Ce seront les différentes formes de centristes (UC, UDI), centre gauche, centre droit, radicaux. Pourront-ils créer un parti comme l’avait fait VGE pour « les Républicains Indépendants », avec un engagement social et économique très marqué ?
Je ne crois pas : cette droite orléaniste manquera de courage idéologique et se perdra en lutte de personnes. Nous avons vu comment les différents groupuscules du Sénat ont préféré créer leurs propres boutiques pour bénéficier des petits avantages matériels d’un groupe au lieu de de se rapprocher du groupe LaREM du Sénat et de constituer une force importante de soutien au Gouvernement et au Président.
C’est d’ailleurs un échec de la stratégie d’Emmanuel Macron, qui n’a pas su attirer des responsables et des formations centristes ou européennes qui, sur le plan des idées, étaient très proches du Président.
Mon hypothèse est que Wauquiez prendra la tête d’une opposition pugnace qui trouvera des alliés sur la scène européenne et même au-delà. Il n’aura pas vraiment d’adversaires. Il est soutenu par le Medef puisque, pour notre malheur, nous avons la droite la plus bête du monde. La France Insoumise l’aidera par ses prises de positions antiallemandes, ses excès, son anticléricalisme et la personnalité ridicule et bouffie de Jean-Luc Mélenchon.
Reste le Parti socialiste, dont le destin est en balance. Il peut se reconstruire sur le réseau de ses élus, en choisissant de jeunes et nouveaux dirigeants, en se dotant d’un patron énergique et en abandonnant cette proportionnelle mortelle. L’inconvénient c’est que cela prendra 10 à 20 ans. Il peut aussi poursuivre de vieilles lunes idéologiques comme l’union de la gauche, jouer de la guitare sous les fenêtres de Pierre Laurent et de Jean-Luc Mélenchon, accompagné au luth par les frondeurs et Benoît Hamon. Le seul avantage, c’est qu’on n’en parlera plus dans deux ans.
Mon espoir est qu’Emmanuel Macron combatte sur sa gauche en développant des mesures de redistribution sociale qui soutiennent le retour à la croissance et à l’emploi et que son recentrage se fasse sur ces valeurs. À nous d’innover et d’inventer de nouvelles formes de social-démocratie adaptées à la première moitié du XXIème siècle. Nous avons commencé avec les mesures relevant le pouvoir d’achat des ménages modestes, nous continuons avec l’apprentissage, la formation professionnelle et l’emploi, la réforme de la sécurité sociale, la suppression du RSI.