Emmanuel Macron l’avait promise en 2017 : une assurance-chômage de conséquence pour les travailleurs indépendants. Ils sont plus de 3 millions en France, d’une grande hétérogénéité sociale puisqu’ils vont du médecin à l’artisan en passant par le livreur Uber Eats au statut de micro entrepreneur. Ils doivent, s’ils se lancent, sentir que l’État est derrière eux. Comment, sinon, encourager l’entrepreneuriat ?
La Loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », votée en 2018, n’a fait que trop peu de progrès en la matière… Aujourd’hui, l’allocation travailleur indépendant (ATI), entrée en vigueur début novembre 2019, ressemble davantage à un amortisseur social qu’autre chose. Elle est disponible pour ceux qui cessent leur activité, involontairement et définitivement, et est de 800 euros par mois pendant six mois. Alors que les études d’impact tablaient sur 29 000 bénéficiaires, ils étaient 911 à la toucher jusqu’au début de la crise sanitaire… Et nous sommes encore bien loin des 3,2 millions de travailleurs indépendants recensés dans la population - et en progression constante !
À qui jeter la pierre alors ? C’est probablement Bercy qui (comme il le fait trop souvent) a considérablement alourdi les critères d’application de l’allocation. Il faut ainsi… 1. avoir exercé une activité non salariée pendant au moins deux ans, 2. être placé en liquidation ou (à certaines conditions) en redressement judiciaire, 3. avoir un revenu de plus de 10 000 euros par an et 4. avoir des ressources personnelles inférieures au RSA, soit 560 euros par mois… Kafkaïen, puisqu’elle intervient donc qu’en cas d’extrême endettement ! Nous sommes bien loin de l’universalité brandie pendant la campagne de la présidentielle.
Évidemment, les mesures exceptionnelles mises en place par le gouvernement durant le Covid ont également bénéficié aux travailleurs indépendants (report de charge, fonds de solidarité, prêt garanti par l’État, etc.), qui n’ont pas été épargnés. Mais, à l’heure où nous pensons à « l’après », il faut s’assurer que ces travailleurs font aussi partie de la relance du pays. Alain Griset, ministre délégué aux PME, avait évoqué une possible réforme lors d’une audition devant l’Assemblée nationale. Espérons qu’elle aboutira. En attendant, il faut surtout que les pouvoirs publics mobilisent les réseaux d’information (chambres de commerce et d’industrie, experts comptables, etc.) pour que chacune ou chacun puisse prendre connaissance des aides auxquelles elle ou il a le droit.