Bienvenue sur ce site Archive

Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

Ce n’est pas nouveau, mais la scène politico-médiatique a récemment pris une tournure inquiétante sur les questions d’identité et de laïcité. Je suis assez embarrassé par la crispation du débat autour de ces thématiques.

À ce titre, j’ai du mal à comprendre l’utilité de l’initiative de Marlène Schiappa des états-généraux de la laïcité, qui a été lancée aujourd’hui. Nos textes sont limpides, pourquoi aurions-nous besoin de davantage de clarifications ? À l’heure où Zemmour et Le Pen pourraient être de sérieux candidats à la présidentielle, il faudrait surtout rappeler que nous sommes une République une et indivisible, et un pays laïc au sens de la loi de 1905. Un État neutre, mais qui permet à ses citoyens de pratiquer la religion de leur choix sans se soucier d’être discriminés.

La laïcité ne saurait être un outil politique, puisque sa définition est claire : c’est avant tout la neutralité de l’État, qui permet à chacun, lorsqu’il n’exerce pas un service public, de pratiquer sa religion comme il le souhaite, en toute sérénité. Il faut arrêter de penser que, sous prétexte de la laïcité, la neutralité de l’État doit s’élargir à la société toute entière. Ce serait un changement d’interprétation radical et dangereux.

Ainsi, être en faveur de l’interdiction du port du voile lors des sorties religieuses n’est pas, au sens strict du terme, être laïque. Mes collègues sénateurs qui ont voté, lors du projet de loi confortant les principes républicains, cet amendement ainsi que d’autres qui limitaient exagérément les libertés religieuses, ne se cachant d’ailleurs qu’à moitié de leur réelle intention de surtout restreindre celles des musulmans, n’ont pas compris ce qu’est la laïcité. Ils mériteraient peut-être aussi de se replonger dans le Traité sur la tolérance de Voltaire...

Je regrette également la disparition annoncée de l’Observatoire de la laïcité. Son travail était reconnu de tous, salué par des syndicats d’enseignants, des associations de défense des droits de l’homme, des acteurs des secteurs hospitaliers et associatifs ainsi que des collectivités territoriales. Il a formé plus de 350 000 acteurs de terrain, mobilisé des procureurs contre des atteintes à la laïcité, participé à l’abrogation du délit de blasphème en Alsace-Moselle, etc… Il a sûrement été la victime des tenants d’une laïcité dure au Gouvernement, tels Schiappa, Darmanin ou Blanquer - et c’est précisément son indépendance vis-à-vis de ceux-ci, y compris publiquement, qui posait problème.

Ces débats crispés contribuent surtout à revêtir la laïcité d’intolérance, loin de ce que recherchait la loi de 1905. De récents sondages ont révélé un clivage générationnel conséquent à l’importance accordée à la laïcité. En effet, si l’image que l’on relaie de la laïcité est celle de l’interdiction, de la restriction, il est normal que nos jeunes ne s’y identifient pas. Nous devons renouer avec sa conception originelle : permettre à tous de pratiquer ses croyances librement sans se soucier d’une quelconque influence religieuse sur l’État et l’exercice de ce dernier.