Il a mis longtemps à réagir à la crise, pour une fois… Il s’y est même pris à deux fois : un discours de chauffe à l’ONU puis un autre, jeudi dernier, à Toulon. Contredisant ses habitudes d’interventionnisme médiatique intempestif, Nicolas Sarkozy réclamait du temps pour un sujet sérieux. Mais pour nous dire quoi finalement ? Malheureusement, pas grand-chose…
Il faut poser des règles à un système devenu ‘fou’, a-t-il dit. D’accord ! Mais comment ? Encore une fois le Président emprunte un vocable de gauche pour le vider de son contenu. Son discours comprenait beaucoup d’effets d’annonce : l’organisation d’un G8 économique après les élections américaines de Novembre. Le chef de l’Etat veut donner l’impression d’agir en convoquant ce rendez-vous qui n’a pas, pour l’instant, suscité trop d’enthousiasme chez nos partenaires… Il a aussi choisi, comme de coutume, de s’en prendre à un bouc-émissaire : il faut punir les responsables de la crise en supprimant leurs parachutes dorés –ces primes indécentes qu’ils reçoivent lorsqu’ils sont remerciés–. Il faut, évidemment prendre cette mesure, mais quand sera-t-elle effective ? Madame Parisot n’a-t-elle pas précisé qu’elle ne pourrait être prise que si les autres pays le faisaient aussi ? Quelle garantie a-t-on qu’ils le feront ? Et le choix, facile, de s’en prendre à ces patrons irresponsables ne doit pas faire oublier que, plus loin que ces hommes, c’est l’ensemble du système qui fait fausse route !
Et quand l’on s’attarde un peu sur le reste des annonces du Président, on se rend compte qu’elles entrent en totale contradiction avec la politique qu’il prétend mener depuis plus d’un an. Refuser des hausses d’impôts ou des taxes qui réduiraient le pouvoir d’achat des Français et appuyer l’économie par l’intervention de l’Etat… Pour un homme qui n’a cessé de créer de nouvelles taxes –la dernière en date étant celle sur les revenus financiers pour financer le RSA– et de supprimer des emplois dans la fonction publique, c’est un comble ! Pour qui nous prend-on ? Tout le budget 2009 est d’ailleurs fondé sur une logique de désengagement de la puissance publique… Et parallèlement à cela, aucune mesure concrète et crédible n’est annoncée… Rien au niveau européen, rien sur la relance de l’économie… Et le chômage augmente, et le pouvoir d’achat fond comme neige au soleil et les bourses vacillent…
Nicolas Sarkozy affiche de nouveau son ‘volontarisme’ qui revient en fait à s’agiter beaucoup pour cacher un grand vide. Et, plus loin que son discours, c’est celui du néolibéralisme, qui a pénétré les mentalités occidentales depuis plus de 20 ans au point de devenir la pensée dominante, qui se retrouve face à ses contradictions. Contrairement aux années de guerre froide où deux visions du monde claires s’affrontaient, aucune alternative évidente ne s’impose à l’heure actuelle pour contrer ces idées ultralibérales. Il nous revient, à nous la gauche, de préparer, collectivement et hors de nos frontières, ce changement nécessaire pour que le monde cesse un jour sa course folle qui risque de le mener à sa perte.