La Suisse nous a surpris par un vote très net avec près de 60% de ses citoyens hostiles à l’érection de nouveaux minarets. Les sondages d’opinion avaient prédits le contraire (nouvelle leçon à retenir) et ce qu’on appelle « l’establishment » (les grands partis sauf l’UDC, les syndicats, les églises, les milieux d’affaires) avaient appelé à voter contre l’initiative du député Oskar Freysinger, comme cela avait été le cas pour le referendum du la constitution européenne en France.
Ce n’est pas un message raciste car en Suisse la grande majorité des musulmans viennent des Balkans. Rien donc ne les distingue des suisses dans la rue. C’est par contre clairement un message contre l’islam, et contre les formes les formes modérées de celui-ci qui sont pratiquées dans les mosquées. C’est la Suisse rurale, des montagnes, germanophone qui a voté contre, ceux qui ne voient jamais ni arabe ni noir.C’est un phénomène de peur irrationnelle, attisée par les partis politiques populistes et d’extrême-droite. Ceux-ci existent en Suisse depuis longtemps et participent à de nombreux gouvernements locaux et cantonaux. Mais comme toujours dans ce type de situation, il y eu conjonction de plusieurs raisons : groupes anti-islamistes, mouvements anti-immigration, argument de la réciprocité sur la situation des églises chrétiennes dans beaucoup de pays musulmans, démêlés récentes avec la famille Kadhafi et la Libye.
La Suisse francophone, qui elle a l’expérience de la diversité, a voté pour.
J’en tire trois conclusions :
- Cette votation suisse va inspirer d’autres mouvements populistes en Europe.
- Le résultat éloigne la Suisse de l’Union européenne et met entre parenthèse tout projet de rapprochement. Nous continuerons longtemps à avoir une carte de l’Union européenne avec un trou blanc au centre.
- Les relations vont être tendues avec beaucoup de pays du monde arabe et sans doute créer des soucis aux gestionnaires suisses des grandes fortunes du Moyen Orient.
- L’image de la Suisse déjà bien écornée par le blanchiment d’argent sale du monde entier, par les fortunes juives non restituées, par la crise du franc suisse, ... le sera encore plus.
- Le referendum d’initiative populaire qui a été introduit dans la Constitution française en 2008 comporte les mêmes risques sur les mêmes sujets. Il est par contre bien adapté aux choix relatifs à la vie locale ou régionale.