Une information qui est passée inaperçue dans le tohu-bohu de l’actualité : le rétablissement d’un État féodal sur l’île de Sark ou Sercq. La chambre des lords siégeant comme Cour suprême a en effet récemment annulé l’établissement d’un système politique électif et démocratique sur cette petite île, dépendance de Jersey.
Voilà quelque chose qui décoiffe et nous sort du ronron convenu de la pensée unique : le retour vers la féodalité. L’histoire est la suivante (j’essaye de résumer). Depuis Guillaume le Conquérant (donc 1066), cette île attachée au Duché de Normandie et donc à la couronne royale d’Angleterre coulait des jours heureux quoique peu prospères sous la tutelle bénévolente de son Seigneur (héréditaire), de son Sénéchal et d’une assemblée des chefs de paroisses. Il y a quelques années, des parvenus enrichis, les frères Barclay achetèrent un petit îlot attaché (Bercqou), en interdirent l’accès à tous et y construisirent un énorme château du plus mauvais goût (c’est normal pour des parvenus). Ils utilisèrent l’île comme paradis fiscal et pour mener des opérations limites. Ayant eu des déconvenues avec le Seigneur de Sark, ils décidèrent de la combattre en abolissant la féodalité et menèrent une campagne à coup de millions de livres. Finalement il fut décidé que l’Île serait gouvernée par une assemblée élue démocratiquement par tous les habitants (les gens ont de ces idées !) et comme toujours, le résultat fut que presque tous les candidats soutenus les vilains Barclay furent battus et tous les candidats du gentil seigneur furent élus. Devant tant d’ingratitude, les Barclay liquidèrent leur ilot et son vilain château et transportèrent leurs vilaines manières et affaires loin à l’étranger.
Dernier rebondissement d’appel en appel, l’affaire abouti à la Chambre des Lords qui a rétabli les bonnes et anciennes habitudes et institutions féodales !
Voilà qui nous réconcilie avec Her Majesty the Queen