On se demandait comment allait s’articuler la nouvelle présidence permanente (du moins pour 2 ans et demi) du conseil européen (M. Van Rompuy) et la présidence par un État membre des conseils de ministres techniques (6 mois), actuellement l’Espagne.
Certes il est clair que c’est M. Van Rompuy qui préside le conseil européen des Chefs d’État et de gouvernement et qui fixe l’ordre du jour. Certes c’est la Baroness Ashton qui préside le conseil des ministres des affaires étrangères et de la défense. Certes, les ministres des affaires étrangères ne participent plus au conseil européen car justement ce ne sont plus des affaires étrangères mais intérieures, entendez européennes. Pour le reste, c’est la pratique qui va se charger de mettre en place le fonctionnement des nouvelles institutions. Ainsi on apprend que M. Zapatero, président du conseil des ministres espagnol, organise pas moins de 12 sommets internationaux en Espagne et à Madrid pendant les 6 mois de sa présidence européenne : 2 par mois ! Le message est clair : les États ne veulent rien céder de leurs pouvoirs souverains et nationaux. C’est d’ailleurs ce que nous a dit Pierre Lellouche, le secrétaire d’État français aux affaires européennes, lors d’un récent dîner : il fera respecter et réaffirmera les positions et la place de la France. Nous assistons à une « renationalisation » de l’action européenne. À ce dîner, je note, outre une certaine propension à l’autosatisfaction et à l’autocongratulation, une connivence curieuse entre le secrétaire d’État et Jacques Myard, bruyant député UMP, connu pour ses positions souverainistes et anti européennes : allez y comprendre quelque chose !
En tous cas, on n’est pas sur la bonne voie : voyez en Haïti, l’absence de l’Europe malgré l’importance de notre aide financière ! Nous n’existons pas ! Voyez Copenhague où les nouveaux maîtres du monde, la Chine et les États-Unis ont réglé l’affaire tous seuls. Voyez la politique d’armement et de sécurité qui s’enlise.
Au même moment, nous avons reçu au Sénat un député britannique conservateur, Robert Walter qui préside l’Assemblée européenne de sécurité et de défense (c’est un avatar de l’ex UEO sensée avoir disparue) qui prétend être le contrôle parlementaire de ces politiques puisqu’elles échappent complètement au Parlement européen. Le seul problème c’est qu’il n’y a ni politique de défense ni de sécurité, ni de politique extérieure ! Alors les contrôler relève de l’humour britannique !