L’Euro se débine : 1,39 contre le dollar alors qu’il était à 1,51 en novembre. Les exportateurs vont se réjouir. C’était un de leurs sujets de récrimination : comment se battre contre un dollar affaibli et contre un yuan sous évalué de 40 à 50%. Chaque vente d’Airbus (en dollars) devenait une catastrophe financière. D’où le déficit croissant chaque année de la balance commerciale (-50 milliards d’euros). Bien, mais l’argument aurait dû valoir aussi pour l’Allemagne qui exporte elle aussi en euros, qui achète son énergie à l’étranger mais l’excédent commercial est de l’ordre de 160 milliards !
Derrière ce débat en apparait un autre, autrement plus grave. Les tensions sur l’euro proviennent pour une part de la relance de l’économie américaine qui redonne des couleurs au billet vert. Mais elles viennent surtout des craintes pour certaines économies de la zone comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande. Ces pays affichent des déficits publics record et des commerces extérieurs en mauvaise posture. Les marchés prennent conscience qu’il n’y a pas de solution pour obliger ces pays à remettre de l’ordre dans leurs affaires. L’absence d’une autorité économique de la zone euro se fait sentir cruellement.
La tentation peut être grande pour la BCE d’intervenir en augmentant ses taux directeurs pour attirer des crédits et juguler l’inflation. Cela aurait aussi pour conséquence de casser toute velléité de croissance. S’y ajoute l’épineuse question de la « sortie de crise » c’est-à-dire comment fait-on pour concilier la croissance et le retour aux équilibres de Maastricht sur la dette et le budget. Il y aura là une querelle forte entre l’Allemagne et les pays latins (y compris la France). L’Allemagne, fourmi, considère qu’il faut prendre rapidement des mesures de retour aux équilibres (c’est même dans leur Constitution) et que la France, cigale, comme d’autres, ne fait pas grand-chose pour cela, profitant des excédents allemands.
Il est plus que jamais urgent de réunir les ministres des Finances et du Budget des pays de la zone Euro pour définir une politique commune de sortie de crise.