J’attire votre attention sur un article de grande importance publié dans Le Monde daté du samedi 6 mars par Yves Leterme, Premier ministre belge et qui propose la mise sur pied d’une Agence Européenne de la Dette (AED). Les arguments en faveur de cette idée qui est dans l’air depuis quelques mois sont très clairement exposés (voir l’article sur le site du Monde). C’est une proposition révolutionnaire pour les raisons suivantes :
- C’est politiquement une mesure habile qui contourne la question formelle du gouvernement économique de la zone euro sur laquelle les Allemands bloquent.
- Elle obligera chaque État à s’engager sur les objectifs de déficit budgétaire et de dette à court et moyen terme et donc sur une politique globale des finances publiques. Si celle-ci n’est pas respectée, l’AED ne finance plus la dette nationale et oblige l’État concerné à se financer lui-même sur les marchés à des taux bien plus élevés.
- L’importance de la dette européenne sera telle qu’elle bénéficiera des meilleurs taux.
- La tenue de l’euro vis-à-vis des principales devises mondiales sera également un souci partagé en commun, bien plus qu’actuellement. Ceci veut dire en clair que l’Allemagne devra coordonner sa politique salariale, déflationniste depuis plusieurs années, avec celle de ses partenaires européens. C ‘est en effet une des causes du creusement de ses excédents commerciaux gigantesques et des déficits correspondants des autres pays de la zone euro.
- Enfin, c’est la seule manière de résorber ces liquidités énormes mises à la disposition des banques par les banques centrales, en partie inutilement, qui ne servent pas à financer l’économie mais à spéculer contre tout, à commencer par l’euro et les budgets de nos États. Si nous ne le faisons pas, il y aura une seule voie, bien connue, celle de l’inflation. Ce poison subtil fait disparaître les dettes en ruinant les titulaires de revenus fixes ou quasi-fixes, c'est-à-dire les retraités et les salariés. Ce n’est pas cela que nous voulons.