Après la première guerre mondiale, il était courant de dire « l’Allemagne paiera » les dommages de guerre. La suite a montré que c’était une erreur puisque le nazisme et la seconde guerre en ont été une des conséquences. L’Allemagne a beaucoup contribué à la construction européenne depuis 1958 en étant de loin le pays le plus contributeur au budget. Elle le faisait par esprit européen et comme une manière de compenser – même modestement – ses errements passés.
Il est clair que nous sommes sortis de cette phase et que les dirigeants allemands, tous nés autour ou après la guerre ne se sentent plus contraints moralement ou politiquement. C’est le message qu’exprime Angela Merkel lorsqu’elle refuse un gouvernement économique de la zone euro ou, plus modestement, une coordination des politiques économiques. L’Allemagne, qui se veut vertueuse et qui a quelques raisons de le croire sur le plan économique, ne veut pas se voir imposer une politique dont elle ne voudrait pas : un endettement supérieur à 60% du PIB, une inflation au dessus de 2%, un déficit commercial trop fort, .... Elle considère qu’elle s’est appliquée à elle-même un traitement social rude pendant presque 10 ans pendant que les « cigales » latines chantaient et dépensaient sans compter. Elle ne veut plus payer pour les indignes « pigs » et comme nous sommes tous liés par l’euro, il est nécessaire que ces pays – et les autres de la zone – s’alignent sur sa politique.
Est-ce acceptable ? Certainement pas sur le plan des principes car les situations sont très différentes d’un pays à l’autre et la politique allemande correspond à une industrie très compétitive et exportatrice, le marché intérieur ne jouant qu’un rôle second. Ce n’est absolument pas le cas de la France. Il nous faut au moins rapprocher les politiques salariales et fiscales pour éviter des distorsions trop fortes comme cela est le cas aujourd’hui avec l’Allemagne.