À Munich depuis hier. Comme chaque année, nous nous réunissons autour de ce grand peintre révolutionnaire qu’a été Kandinsky, le fondateur de l’expressionisme et du Bauhaus. Auparavant, nous participons à la grande réunion des syndicats et du SPD sur la Marienplatz. On peut certes regretter la politique antisociale mise en œuvre par Gerhard Schroeder mais le SPD et le DGB restent les piliers de la gauche en Allemagne contre la droite.
La politique de la coalition CSU-parti libéral issue des dernières élections montre bien ce qu’est une politique de droite libérale pour les salaires, les retraites, les budgets sociaux, ... C’est ce dont nous ne voulons pas pour la France.
Mais plus grave me semble-t-il est l’attitude allemande et d’un certain nombre de pays d’Europe du Nord dans la crise grecque. Cette volonté de montrer qu’on est le bon élève de l’Europe, qu’on est le maître d’école qui dit quel est le bon choix montre qu’Angela Merkel n’a pas su se hisser au rang d’« homme d’Etat ». Celui-ci se caractérise en ce qu’il (elle) a une vision à long terme qui lui permet d’accepter un « sacrifice » à court terme. Tel était le cas pour Adenauer mettant la production de charbon et d’acier sous l’autorité supranationale de la CECA, pour de Gaulle et Adenauer étendant les pouvoirs à la Commission européenne, à Kohl sacrifiant le mark pour l’euro et à Mitterrand acceptant la réunification immédiate de l’Allemagne. C’est une autre approche que celle de l’esprit d’épicière de Mme Thatcher : « I want my money back ». Or c’est cet esprit-là qui l’emporte aujourd’hui un peu partout en Europe. Je dois dire de ce point de vue que la France et Nicolas Sarkozy ne sont pas sur cette ligne et la proposition d’aide financière de la France à la Grèce pour près de 4 milliards d’euros, a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale.
Mais on voit bien dans cette Europe déchirée, il n’y aucune autorité centrale : la Commission a perdu toute influence politique, le Conseil même présidé par un président permanent n’est que le lieu d’arbitrage des intérêts conflictuels des États. L’Eurogroupe n’a pas d’existence officielle. Il n’y a plus de grandes autorités morales qui auraient pu parler et appeler au sursaut. Plus grave encore, les États membres sont chacun empêtrés dans des difficultés internes considérables : l’Allemagne paralysée par ses élections régionales et l’avenir du Bundesrat, l’Italie démonétisée par Berlusconi et son alliance avec la Ligue du Nord comme la Hongrie et les Pays-Bas où les extrêmes-droites progressent, la Grèce en faillite, la Belgique à qui il ne reste qu’un roi, l’Espagne dégradée par les agences de notation et la France sans aucune marge de manœuvre économique. C’est un hôpital, non plus une Union d’États destinée à devenir la seconde ou troisième puissance mondiale. Mais que faire ? Nous pouvons faire de belles analyses sur le pourquoi et le comment, faire toutes les propositions que l’on veut (et Dieu sait s’il y en a), si la volonté politique n’est pas au rendez-vous, ce sera en vain.
Un Européen triste et las
Un bon premier mai quand même