Le naufrage de l’économie irlandaise est dû pour l’essentiel à la marée de crédits immobiliers distribués par les trois grandes banques sans contrôle sérieux de la solvabilité des foyers. Situation très proche de celle qui lança la crise aux États-Unis. Taux d’intérêt bas, demande immobilière forte, les prix se mettent à grimper, le marché se retourne et, comme la plupart des taux sont variables, les ménages se trouvent coincés. On y ajoute une politique fiscale laxiste, basée sur le dumping fiscal par rapport aux autres pays de l’Union, une absence de contrôle des banques et voilà la crise : un déficit budgétaire de 32 % du PIB, une croissance proche de 0% et 14 % de chômage.
Le gouvernement irlandais appelle alors l’Union au secours : il faut une aide de 80 milliards d’euros, de toute urgence, pour boucher les trous et payer la faillite de l’Anglo Irish Bank (30 milliards d’euros à elle toute seule). Nous sommes bien sûr solidaires à travers les nouveaux mécanismes de soutien dont l’Union s’est dotée. À la fois par idéal parce que c’est notre conception de l’Europe solidaire mais aussi par intérêt parce que nous devons défendre l’euro, notre monnaie commune. Il n’empêche que l’on a un petit goût de cendre dans la bouche quand on pense aux difficultés que les Irlandais n’ont cessé de nous faire depuis leur entrée dans l’union : vote négatif aux traités, marchandage ridicule pour ratifier Lisbonne, politique économique divergente d’avec les autres pays, une politique sociale basée sur le moins disant, une neutralité pour le moins discutable en politique étrangère et en défense. Tout cela n’est pas très européen, pour le moins. Et il n’est rien de moins sûr que le sauvetage par l’Union change ce sentiment anti européen, bien au contraire.
Enfin, il nous restera toujours le plaisir d’aller prendre une pinte de Guinness dans un des nombreux pubs irlandais qui peuplent la planète.