C’est bien la question que l’on peut se poser quand on voit l’acharnement des marchés contre la Grèce et l’incapacité des gouvernements européens à mettre en place le second plan de sauvetage de l’économie et de la dette grecque.
Les marchés sont, malheureusement, dans leur rôle qui est de spéculer c'est-à-dire d’anticiper toute situation qui leur permet de gagner. En l’occurrence, les marchés financiers estiment que la politique grecque, courageusement mise en place par le gouvernement Papandreou, ne permettra de rembourser la dette extérieure dans les conditions attendues et qu’il y aura, à un moment ou à un autre, un défaut de paiement. Et dans la foulée, ils appliquent, à des degrés moindres, la même stratégie à la dette du Portugal, de l’Espagne et, depuis deux ou trois jours, de l’Italie. Il ne reste qu’à attendre pour que la France soit mise en cause.
Ce qui motive les spéculateurs, qui sont, faut-il le rappeler, en partie nos propres banques et institutions financières, ce ne sont pas les éléments objectifs de politique économique. La dette du Japon, celle des États-Unis, de la Grande Bretagne sont largement supérieures. Mais personne ne pense que leur gouvernement laisseront s’instaurer une situation de non paiement alors que le pari est fort que la zone euro ne saura pas défendre ses États, qu’il y a un manque de solidarité entre eux et qu’il y aura défaut. Et c’est précisément ce qui se passe en ce moment devant nous.
Je n’entre pas dans le débat sur les solutions financières : elles sont nombreuses et faisables. La question est uniquement politique et dépend de la volonté de solidarité des États de l’Union et de la zone euro. C’est ce qui manque le plus : la solution est dans davantage d’intégration européenne et dans un quasi fédéralisme de la gouvernance économique et financière. La preuve : la seule institution qui joue efficacement son rôle, c’est la Banque centrale européenne qui tient bon les rênes de l’euro.