J’essaye de lire le discours prononcé hier à Toulon par le président Sarkozy sans préjugés mais ce n’est pas facile. C’est en effet le discours non pas d’un chef de l’État mais bien celui d’un candidat. Tel a été son choix : tester des thèmes de campagne (appel à plus d’effort et plus de travail, stigmatisation des socialistes, des 35h et de la retraite à 60 ans) et ne rien dire sur l’Europe puisque tout est renvoyé aux discussions à venir avec Mme Merkel mais sans que l’on sache sur quels sujets. La seule chose sûre c’est la préférence donnée par la France à l’intergouvernemental, en opposition donc avec les solutions dites fédérales qu’esquisse Mme Merkel. Donc concrètement pas plus d’Europe mais un binôme franco-allemand qui donne le la.
Je dois dire que personne ne croit à la solution qui consisterait à réformer « les traités » européens pour deux raisons :
- Quelles modifications y introduire : la fameuse « règle d’or » rejetée par le président Van Rompuy ? Un pacte de stabilité encore plus dur que celui de Maastricht ? des sanctions budgétaires et financières liées à un fédéralisme budgétaire plus fort ? Dans le climat libéral à tous crins qui est celui de l’Union européenne, cela fait frémir. Nous voyons déjà en Grande-Bretagne les résultats de ce genre de politique.
- Même si nous avancions dans cette voie, les difficultés de procédure (négocier un texte nouveau, le faire ratifier par 27 parlements) en font une voie sans issue et qui ne pourrait être mise en œuvre dans le meilleur des cas dans deux voire trois ans. Ce n’est évidemment pas le temps et le calendrier qu’il faut pour répondre à la crise des dettes souveraines.
Mais derrière tout ceci, il y a un débat difficile pour nous qui sommes favorables à davantage de fédéralisme, en particulier dans le domaine budgétaire voire fiscal. Car si en même temps cela veut dire politique de récession économique, chômage (3000 chômeurs de plus chaque jour), remise en cause du modèle social européen et français, il est clair que nous ne pouvons y souscrire.
Enfin on peut sourire – si la question n’était pas si dramatique – du « travailler plus » quand on voit le chômage qui se généralise, de l’argument des 35h dont la droite se satisfait bien : tout cela ne fait pas un programme gagnant.