Je reviens sur ces déclarations récentes de Montebourg et de Le Guen aux relents anti allemands. Inutile de dire combien je les trouve inopportunes, injustes, bêtement stigmatisantes. Blesser l’autre, surtout quand on sait qu’un accord est inéluctable et qu’il n’existe pas d’alternative, c’est une faute politique de première grandeur.
Parler de Bismark et de la Prusse (Arnaud Montebourg), c’est faire une allusion à la guerre de 1870 et à celle de 1914, au nationalisme et à l’impérialisme de cette période. Et Jean-Marie Le Guen ne vole pas beaucoup plus haut, quand il parle de Daladier, faisant ainsi allusion à la désastreuse conférence de Munich de 1938. Il ne restera ensuite qu’à glisser délicatement vers 1933 et le national-socialisme : laissons cela à M. Chevènement, spécialiste en connivence ambigüe avec la droite, souverainiste et nationaliste.
Chacun comprendra que la France ne peut parler comme cela après 60 ans de construction européenne et le faire c’est rendre un bien mauvais service à François Hollande qui va à Berlin dès demain pour être l’invité du Congrès du SPD. Notre candidat doit trouver les convergences nécessaires avec le programme économique de Sigmar Gabriel et du futur candidat socialiste à la chancellerie pour 2013, mais aussi se préparer à négocier avec Angela Merkel, même marquée par son engagement libéral. Il y a bien des choses à dire aux Allemands : que leur vertu n’est pour beaucoup qu’apparente, que la rigidité de Mme Merkel, son refus d’agir puis de faire trop peu et trop tard a contribué pour beaucoup à la situation actuelle, que leur modèle économique basé uniquement sur les exportations n’est pas viable et que nous devons construire une économie équilibrée, … Mais aussi il faut être conscient que la France doit balayer devant sa propre porte : perte de compétitivité, peu d’innovation ni de PME exportatrices, système bancaire qui tourne le dos aux entreprises, système monocratique et Parlement purement figuratif, …
On voit bien la prochaine cible de la droite en campagne : c’est la sécurité sociale. Attaques répétées contre les déficits du régime maladie, abus des assurés et des médecins, … L’idée est sans doute de privatiser toute la partie rentable de l’assurance maladie et de créer un ghetto prudentiel pour ceux qui n’ont pas les moyens (voir les États-Unis).