Largement critiquée pour son manque de réactivité, pour ses atermoiements et pour sa trop grande prudence dans le lancement du sauvetage de la Grèce et face à la crise économique et financière, l’UE n’a pas compris la leçon.
Le scénario de l’attentisme semble se reproduire concernant la mise en place d’un Mécanisme Européen de Stabilité adapté et efficace.
Cet instrument de solidarité, qui doit permettre de circonscrire la crise de la dette souveraine en jouant le rôle d’un pare-feu financier, aurait dû être combiné au FESF et adossé à la BCE afin de constituer un véritable fonds de solidarité européen.
Au lieu de cela, la capacité de prêt du MES se limite actuellement à 500 milliards d’euros, ce qui est largement insuffisant.
La sous-dimension du pare-feu a été soulignée par les ministres des Finances au G20 à Mexico dimanche. Une participation accrue des pays n’appartenant pas à l’UE via le FMI au plan d’aide à la Grèce requiert au préalable un effort des pays européens c’est-à-dire une augmentation du volume du MES.
Mais la coalition conservatrice et libérale de Mme Merkel refuse toute avancée sur la voie de la solidarité financière. Sans la mobilisation du SPD et des Verts, le Bundestag n’aurait pas adopté le deuxième sauvetage grec. Le message envoyé par Berlin est de plus en plus inquiétant. Réticences, défaitisme, la Grèce serait un puits sans fond qu’il vaudrait mieux abandonner à son sort…
Obnubilé par la discipline budgétaire, les exigences allemandes creusent le déséquilibre entre solidarité et discipline dans la réforme de la gouvernance économique. Rien ne sert de sauter comme un cabri en criant « austérité, austérité » pour sauver l’euro. Au contraire, nous avons besoin de relancer la croissance, créer des emplois, relancer les investissements et les exportations. Nous avons besoin de mutualiser une partie des dettes souveraines et de créer des euro-bonds.
Mme Merkel et sa coalition ont négocié et obtenu suffisamment de gages en termes de discipline budgétaire (Two et Six Packs, TSCG). Désormais l’Allemagne doit assumer ses engagements en termes de solidarité.
La solidarité financière est au cœur du débat sur le MES. Contrairement à certains camarades qui ont pris la liberté de voter contre, j’ai respecté la décision de mon groupe et je me suis abstenu hier lors du vote au Sénat relatif au MES.
En faveur de la solidarité financière, je pense que si le MES est insuffisant, il n’en est pas moins indispensable. Néanmoins, une des conditions pour y accéder sera d’avoir ratifié le TSCG qui oblige l’inscription d’une règle d’or budgétaire dans les constitutions des états membres. Dès lors, il est difficile d’accepter le MES.
Il est affligeant de voir encore une fois la solidarité sacrifiée sur l’autel de la rigueur budgétaire.