François Hollande a prononcé hier devant le Parlement européen réuni à Strasbourg un discours très important sur l’avenir de l’Europe. Je partage à la fois son analyse, ses convictions et ses solutions pour l’Europe.
Le chef de l’État a tout d’abord dressé un portrait sans concession de l’Europe d’aujourd’hui. Minée par une crise économique et sociale qu’elle peine à résorber, paralysée par des logiques institutionnelles favorisant l’immobilisme, et menacée par l’égo de certains pays membres qui n’hésitent pas à se livrer à une concurrence déloyale à peine déguisée, l’Europe nourrit le scepticisme des peuples et fait ressurgir les velléités nationales. On le voit, François Hollande porte un regard lucide sur l’Europe. Mais il porte aussi un message d’espoir qu’il a voulu transmettre hier. L’Europe est en mesure de surmonter cette crise à condition de s’en donner les moyens et de faire des choix politiques justes. Le défi de la croissance et de l’emploi passe par une stratégie de désendettement et de compétitivité qui doit être en phase avec la conjoncture économique. C’est pourquoi François Hollande refuse l’Europe de l’austérité. D’autres solutions doivent être envisagées. Au-delà de la coordination indispensable des politiques économiques nationales et d’une politique monétaire volontariste exigeant la réforme du SMI, il est venu le temps de lancer le chantier ambitieux de l’approfondissement économique et monétaire. Au nom de la France, le président a appelé les nations européennes à accepter une intégration renforcée sur la base du principe de solidarité.
À l’approche du sommet de Bruxelles dont on espère qu’il débouchera sur un accord de budget pour l’UE sur la période 2014-2020, François Hollande a très justement résumé la position de la France dans les discussions : « faire des économies oui, affaiblir l’économie non ». Plus précisément, le président a rappelé son attachement à la préservation des politiques communes en insistant sur le bénéfice partagé qui en découle. Il a également rappelé que le pacte de croissance adopté en juin dernier n’était qu’un premier pas vers l’objectif de croissance qu’il faudra compléter par un soutien à l’innovation et d’importants investissements, notamment dans les infrastructures et les nouvelles énergies. Le budget devra en outre tenir compte du principe de justice qui implique non seulement une solidarité accrue envers les citoyens européens les plus démunis mais aussi une répartition des contributions au budget qui repose sur les ressources de chaque État membre sans que ceux-ci ne réclament de chèques ou de rabais en retour.
François Hollande a surtout livré sa conception personnelle de l’Europe. Il voit dans l’Europe une volonté politique forte. Fidèle à Jacques Delors, il a plaidé pour une Europe différenciée précisant qu’il ne s’agit pas d’ « une Europe à deux vitesses » mais d’ « une Europe où des États, pas toujours les mêmes, décident d’aller de l’avant, d’engager de nouveaux projets, de dégager des financements, d’harmoniser leurs politiques, au-delà du socle substantiel, qui doit demeurer, des compétences communes ».
Enfin, le président a évoqué dans son intervention l’engagement de la France au Mali. Remerciant le Parlement européen pour son soutien, il a rappelé que l’Europe a également un rôle international à jouer dans le combat pour la paix, la démocratie et les droits de l’Homme. Ce fut l’occasion pour lui d’appeler de ses vœux la concrétisation d’une politique extérieure et de défense commune.